[28/07/2008 17:47:54] PARIS (AFP)
Les actionnaires de Carrefour ont avalisé lundi le changement de gouvernance du groupe de distribution, qui devrait permettre à José Luis Duran, désormais directeur général, de mener plus librement la politique de relance de l’enseigne en difficulté. Carrefour a abandonné lundi son statut avec conseil de surveillance et directoire pour devenir une société à conseil d’administration. Cette résolution a été votée à plus de 93% lors d’une assemblée générale extraordinaire. Ce changement de statut, décidé en juin, “n’est en aucun cas une prise de contrôle rampante de Blue Capital”, a déclaré Amaury de Sèze, président du conseil d’administration du numéro deux mondial de la distribution, en réponse à des questions d’actionnaires inquiets. Blue Capital, premier actionnaire de Carrefour avec 13,55%, est détenu par le fonds américain Colony Capital et Groupe Arnault, propriété de Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH. Il était entré au capital de Carrefour en mars 2007 à hauteur de 9%, avant de monter. Selon des sources proches du dossier, cette société aurait contribué à ce changement de gouvernance. “Blue Capital n’a pas l’intention de prendre le contrôle de Carrefour”, a insisté M. de Sèze. “Il est important, dans l’environnement difficile où nous sommes, que le directeur général puisse prendre des décisions rapidement, sans consulter trop de personnes”, a-t-il expliqué. Le système à conseil de surveillance et directoire est considéré comme offrant une gouvernance interne renforcée par rapport au conseil d’administration. Cependant, les décisions y sont prises plus lentement, le président du directoire devant rendre compte au conseil de surveillance. José Luis Duran, ancien président du directoire et désormais directeur général de Carrefour, ne siège pas au conseil d’administration. Pour autant, il aura les coudées plus franches pour appliquer le nouveau “plan d’action” annoncé début juillet. Il est notamment axé sur une baisse des investissements de 200 millions d’euros en Europe, une augmentation des opérations promotionnelles, une accélération des ouvertures dans les pays émergents (Chine, Brésil) et l’entrée sur de nouveaux marchés (Russie, Inde). M. Duran a aussi demandé à ses “équipes de mettre en place un plan rigoureux d’économie sur tous les coûts d’exploitation qui ne sont pas directement liés au développement des ventes ou à l’expansion”. “J’entends par là tous les coûts, qu’il s’agisse de coûts mineurs ou de coûts majeurs”, a-t-il souligné, donnant l’exemple de frais de transport et d’un gel des recrutements “au niveau du sièges”. Carrefour emploie 500.000 personnes, dont 140.000 en France. Le plan, dont M. Duran a assuré qu’il permettrait d’atteindre les objectifs de résultats cette année, a été lancé lors de la publication d’un chiffre d’affaires semestriel médiocre, en particulier en France où le groupe réalise encore 40% de son chiffre d’affaires. Pour expliquer cette contre-performance, Carrefour avait évoqué l’environnement de consommation dégradé. “L’environnement est difficile (…) pour autant cela ne nous donne aucune excuse. Au contraire, cela nous impose un devoir: chercher nous-mêmes les clés de la croissance”, a estimé M. Duran lundi. “Nous sommes en position pour gagner des parts de marché. Nous savons le faire”, a-t-il ajouté, estimant que le groupe doit offrir “les meilleurs prix, les meilleures promotions, les meilleurs magasins et les meilleurs services”. “Personne ne peut se satisfaire de la valorisation actuelle du groupe”, a-t-il souligné, alors que le titre Carrefour a perdu plus de 30% depuis le début de l’année. Lundi, vers 13H25, l’action perdait 1,29%, à 34,55 euros. |
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