[29/07/2008 17:47:15] LONDRES (AFP)
Les compagnies aériennes britannique et espagnole British Airways (BA) et Iberia ont annoncé mardi qu’elles voulaient fusionner, projet qui n’étonne pas dans un ciel où les nuages de la crise économique et le pétrole cher s’amoncellent. Selon le patron de BA Willie Walsh, la fusion créerait la troisième compagnie mondiale par le chiffre d’affaires avec 16,5 milliards d’euros (derrière Air France-KLM, 24,11 milliards et Lufthansa 22,4 milliards). Mais il faudra attendre plusieurs mois avant qu’elle soit achevée. BA est actuellement plus de deux fois plus grosse qu’Iberia par la capitalisation. Les deux groupes pensent se réunir sous l’égide d’une holding unique avec une structure de direction unifiée issue des directions actuelles. Cette holding achèterait en même temps BA et Iberia, et serait cotée à la fois à Londres et à Madrid. “On ne sait pas encore où elle sera basée”, a expliqué le PDG d’Iberia Fernando Conte lors d’une conférence de presse avec M. Walsh à Madrid. Les deux marques British Airways et Iberia continueraient d’exister. British Airways possède déjà 13,15% d’Iberia, qui détient pour sa part, directement et via des produits dérivés, 10% de British Airways. Le lien entre les deux compagnies remonte à une dizaine d’années, et British Airways a longtemps été le premier actionnaire d’Iberia avec environ 10%. Elle avait tenté l’an dernier de racheter l’Espagnole avec le soutien notamment du fonds américain Texas Pacific, sans succès. Pour autant, elles avaient continué à bien s’entendre. Quand British Airways avait porté de 10,1% à 13,15% sa part dans Iberia en mars, Willie Walsh avait indiqué que cet achat “reflétait l’importance stratégique attachée (par BA) à sa relation avec Iberia”. M. Walsh a remarqué que les deux compagnies étaient “très complémentaires, probablement les plus complémentaires en Europe: Iberia est leader sur le marché entre l’Europe et l’Amérique latine, tandis que British Airways est leader sur les routes entre l’Europe et les Etats-Unis, et a une bonne position en Asie”. L’annonce de mardi n’était pas particulièrement attendue ces jours-ci, mais elle n’est pas surprenante car dès mars Willie Walsh prévenait: “Nous étudierons les opportunités ultérieures d’accroître cette part”. Iberia avait de son côté déclaré début 2007 qu’elle voulait jouer un rôle actif dans la consolidation du ciel européen, qui a vu ces dernières années les mariages de Air France et KLM et de Lufthansa et Swissair. D’abord mécontent de l’accord de ciel ouvert transatlantique qui a fortement entamé le gâteau de BA à l’aéroport londonien d’Heathrow, M. Walsh avait décidé de prendre les choses en main et mène depuis plusieurs mois un rapprochement d’activité avec l’Américaine American Airlines, même si une fusion n’est pas encore juridiquement possible. “Cet accord a ouvert notre base d’Heathrow (près de Londres) à la compétition”, a relevé M. Walsh mardi, affirmant que les deux compagnies fusionnées “seraient mieux à même de se battre dans un environnement de marché dur”. L’alliance Oneworld, qui comprend BA, Iberia, American Airlines mais aussi sept autres compagnies internationales, pourrait aussi sortir renforcée de ce rapprochement, a estimé Fernando Conte. M. Walsh a aussi remarqué mardi que la fusion envisagée serait “particulièrement attractive dans l’environnement économique actuel”. Les compagnies aériennes font actuellement face au fort ralentissement mondial, auquel se sont ajoutés récemment les prix immodérés du pétrole, qui pèsent de plus en plus dans leurs comptes. La compagnie à bas coûts Ryanair, qui annonce des pertes pour cette année, a prédit lundi faillites et consolidations dans le secteur au cours des mois à venir. BA a terminé en hausse de 5,97% à la Bourse de Londres, et Iberia a bondi de 20,73% à la Bourse de adrid. |
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