[29/07/2008 13:56:16] PARIS (AFP) Les chiffres de la construction continuent de nettement baisser, en raison de la crise économique et financière, rendant plus difficile à atteindre l’objectif du gouvernement de construire 500.000 logements par an. Les mises en chantier ont baissé entre avril et juin, de 28,2% à 79.220 unités, et les permis de construire de 15,3%, à 115.880 unités, a annoncé mardi le ministère de l’Ecologie, après des reculs de 9,9% et 15,5% respectivement au premier trimestre. Sur les 12 derniers mois, le nombre de mises en chantier est en repli de 6,5%, à 394.859 unités. Le nombre de permis recule de 11,5%, à 503.471 unités. Pour la première fois depuis septembre 2005, le seuil des 400.000 mises en chantier n’est pas atteint, relève le ministère, alors que le gouvernement a pour ambition de faire construire 500.000 logements par an. Pour Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC), ces chiffres ne “sont pas une surprise” car ils ne sont que “la conséquence du retournement du marché” intervenu fin 2007. Néanmoins, note-t-il, “autant on pensait que le marché ralentirait, autant la crise financière a entraîné une chute encore plus forte” déjà visible au premier trimestre et qui s’accentue aujourd’hui. “Les promoteurs sont aujourd’hui, quelle que soit leur taille, tétanisés par la conjoncture”, estime Michel Mouillart, professeur à Paris X Nanterre. Le fait que les banques aient “durci leurs conditions de crédit n’arrange rien et constitue clairement un facteur de blocage actuellement”, ajoute Jean-François Gabilla. Le marché des crédits immobiliers a baissé de 11% au premier semestre. Qui plus est, la hausse du taux moyen des prêts immobiliers –si elle a été “faible” au deuxième trimestre– “devrait s’accentuer” et ainsi “amplifier le ralentissement”, ajoutent les analystes de la banque HSBC. Autant dire que la situation ne devrait pas s’arranger d’ici la fin de l’année, même si le ministère relativise les chiffres, en rappelant qu’ils sont “sous-évalués” en raison de la réforme du permis de construire qui retarde les remontées d’information. Jean-François Gabilla s’attend a une poursuite de la baisse au troisième et au quatrième trimestre, “probablement” dans les mêmes proportions car “on prendra de plein fouet” la baisse des ventes du deuxième trimestre, qui “commercialement n’a pas été bon”. Reste à savoir ce qui va se passer ensuite: “c’est surtout 2009 qui préoccupe”, avance Michel Mouillart. “Si les autorisés (permis de construire, ndlr) continuent à fléchir, cela signifiera que 2008 n’est pas une parenthèse”. Le gouvernement affiche pourtant sa volonté de résorber le déficit de logements, notamment à travers le projet de loi de Christine Boutin présenté lundi et qui vise à “permettre à tous les Français d’être logés”. Le ministère du Logement souligne d’ailleurs mardi que la baisse des chiffres de la construction “doit être prise en compte dans les orientations de la politique du logement que le gouvernement entend mener, en partenariat avec l’ensemble des acteurs”. Mais, pour Michel Mouillart, cette baisse constitue “un mauvais signal pour les entreprises”, et ce, “quelle que soit la volonté des uns et des autres” pour encourager la construction. Et d’ajouter : “Si le tendance se poursuit, on ne peut pas exclure le risque de démobilisation et d’abandon de l’objectif” des 500.000 logements. |
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