[29/07/2008 17:28:29] WASHINGTON (AFP) La banque d’affaires américaine Merrill Lynch est parvenue à lever mardi 8,5 milliards de dollars, à un prix très inférieur à ses prévisions, pour tenter de purger ses comptes des produits financiers venimeux du “subprime”, une initiative saluée par le marché. Ce nouvel appel au marché s’est conclu dans la douleur, l’opération n’étant que faiblement sursoucrite, selon la chaîne d’information financière CNBC. Toujours selon CNBC, l’établissement a ainsi dû émettre 380 millions d’actions nouvelles, contre 310 millions prévues intialement, pour atteindre la somme qu’il souhaitait obtenir, soit 8,5 milliards de dollars. Le prix d’émission s’est établi à 22,5 dollars, soit 8% de moins que le cours de clôture de lundi, qui constituait déjà un plus bas depuis dix ans. Dans un marché lassé de renflouer les banques, qui l’ont déjà sollicité pour près de 300 milliards de dollars en moins d’un an, Merrill Lynch a pu compter sur l’appui du fonds souverain singapourien Temasek, qui a remis au pot pour 3,4 milliards de dollars. L’opération, qui aura été conjuguée à la conversion de titres hybrides, aura induit une augmentation de 56% du nombre des actions ordinaires de la banque, un niveau très élevé. Victime de la chute du cours de son action, la banque a donc dû massivement diluer ses actionnaires, dont les titres ont encore perdu de leur valeur au terme de cette levée de fonds. Malgré la taille de l’opération, elle a été bien accueillie par le marché. Mardi, en début d’après-midi, l’action Merrill Lynch se rapprochait de son cours de clôture de lundi, après avoir ouvert en forte baisse (jusqu’à -9,5%). “Même si Merrill Lynch a dilué de manière significative ses actionnaires, nous applaudissons cette purge d’actifs comme une tentative pour réduire ses pertes et se concentrer sur sa stabilisation”, a commenté la redoutée analyste d’Oppenheimer Meredith Withney. La banque va, en effet, utiliser le produit de la recapitalisation pour passer 5,7 milliards de dollars de dépréciations supplémentaires dans ses comptes du troisième trimestre. L’établissement réduira son exposition aux titres financiers complexes, principalement les CDO (collateralized debt obligations), adossés à des obligations liées à l’immobilier. Merrill Lynch va notamment vendre une partie de son portefeuille de CDO à un fonds d’investissement, avec une très forte décote, ce qui l’oblige à passer une dépréciation. “La bonne nouvelle est que la vente peut donner confiance dans le fait qu’ils vendent enfin ces actifs plutôt que de les déprécier” tous les trimestres, a estimé Mike Mayo, analyste de Deutsche Bank, dans une note. “On a l’impression que c’est un nettoyage en profondeur du bilan de Merrill Lynch, et qu’on devrait être au bout des surprises”, a ajouté Gregori Volokhine, analyste de Meeschaert Capital Market. Mais si l’approche volontariste de Merrill Lynch a été saluée, le marché restait prudent sur l’avenir de l’établissement à court et moyen terme. “Il y a quelques mois, le PDG assurait qu’il n’y aurait pas d’autre augmentation de capital et que la banque ne se séparerait pas des CDO, c’est pour ça que c’est difficile de dire que c’est la fin”, a estimé M. Volokhine. Intronisé en sauveur à l’automne, l’ancien patron du New York Stock Exchange, John Thain, n’a pas toujours été très lisible dans sa communication, à l’heure où le marché digère plus mal que jamais les surprises. |
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