Partenariat : Alliance d’égaux entre Poulina et Antonio Merloni pour conquérir le Maghreb


Par Moncef MAHROUG

Partenariat : s’il fallait choisir un
mot pour caractériser Poulina, on opterait pour celui-là. Car, créé il y a
quarante-et-un an par un partenariat –devenu au fil des ans une «véritable
sainte alliance»- entre huit familles, ce groupe continue de se développer
par ce biais là. Après une multitude d’autres, le groupe dirigé par M.
Abdelwaheb Ben Ayed vient de sceller une véritable alliance avec l’italien
Antonio Merloni, n°5 des produits blancs (réfrigérateurs, cuisinières,
machines à laver et lave-vaisselle).

 

Qualifié de «total», par M. Fethi
Khedder, directeur général de FRIGAN, la filiale de Poulina fabricant les
réfrigérateurs «Mont Blanc» et vis-à-vis du groupe italien, ce partenariat
est à la fois commercial, technologique et industriel.

 

Après une mise à niveau de l’outil
industriel de «FRIGAN», avec l’assistance du groupe Merloni, les deux
partenaires vont produire en Tunisie la large gamme des produits «ARDO», la
marque phare de l’italien, à destination principalement, dans un premier
temps, des autres pays de l’Union du Maghreb Arabe (Libye, Algérie, Maroc et
Mauritanie) –qui vont absorber 80% de la production, et par la suite des
marché africain et européen.

 

Dans une région, le Maghreb, qui
absorbe 1 million de réfrigérateurs et autant de cuisinières par an, le
business plan concocté par les Poulina et Merloni fixe comme objectif une
part de marché de 15 à 20%.

 

Pour ce faire, les deux partenaires
vont créer deux sociétés, l’une commerciale et l’autre industrielle, et
mettre sur pied cinq unités industrielles au cours des cinq prochaines
années.

 

Conclue cette semaine, cette
opération était en gestation depuis deux ans. Car, explique, M. Fethi
Khedder, «un partenariat, comme un mariage, ce n’est pas évident». Ce
mariage semble bien parti pour durer, pour au moins deux raisons. D’abord,
parce que les deux partenaires se perçoivent et se traitent en égaux, ce qui
n’est pas toujours le cas dans les partenariats entre entreprises du Nord et
du Sud. La preuve en est que le capital des entreprises à créer et
l’investissement nécessaires pour créer les cinq usines projetées –près de
40 millions d’euros- seront injectés paritairement par les deux alliés.

 

Ensuite, deuxième facteur favorisant
la réussite de ce partenariat, chacune des deux parties y apporte quelque
chose et y trouve son compte.

 

Poulina met dans la corbeille une
solide assise financière, et une compétence managériale avérée et une
présence effective dans la région maghrébine. De ce rapprochement, il
escompte la consolidation de son leadership en Tunisie –où il détient près
de 40% de part de marché dans le segment des réfrigérateurs dits «premier
prix», une entrée en force dans le moyen et haut de gamme –qui sont le point
fort d’Antonio Merloni- et le renforcement de sa présence dans le reste du
Maghreb où il compte une usine en Algérie et une société commerciale au
Maroc.

 

Fort d’un solide savoir-faire à la
fois industriel et commercial dans les produits blancs –où il vient en
cinquième position en Europe, le groupe italien s’est laissé attirer en
Tunisie, explique M. Stefano Mlonelli, vice-président du groupe Antonio
Merloni, par «la stabilité politique et économique qui y règne, les
infrastructures qui s’y développent» et «le modus operandi de Poulina qui
est proche du notre».

 

Présent également commercialement,
avec ses 37 sociétés, selon M. Nello Bilardinelli, directeur commercial,
«aux Etats-Unis, Au Moyen-Orient, dans le Golfe, en Indonésie, aux
Philippines et en Chine», le groupe italien va pouvoir opérer une percée
significative au Maghreb, mais également consolider sa position en Europe,
où la concurrence est très rude. Cela grâce au partenariat avec Poulina, qui
va lui permettre notamment de baisser ses coûts de production, puisque le
coût de la main-d’œuvre en Tunisie est «dix fois inférieur à ce qu’il est en
Italie» (l’heure y coûte 2 euros, contre 20 euros de l’autre côté de la
Méditerranée), souligne le directeur général de FRIGAN.