Au
mois de juin 2000, le journaliste David Bême a recueilli auprès du Pr.
Samuel Lepastier, psychiatre au CHU Pitié-Salpêtrière et auteur de plusieurs
études sur le harcèlement sexuel, une importante interview dont, vu son
intérêt, nous proposons ci-après un extrait.
Existe-t-il un portrait type du harceleur ?
On peut distinguer trois types :
• L’inhibé profond ou impuissant qui n’ose aborder une femme dans le cadre
d’une relation normale et profite de sa position hiérarchique pour se donner
l’impression d’une puissance sexuelle qu’il n’a pas.
• Le narcissique qui ne peut résister à ses pulsions ; il utilise le
harcèlement pour valoriser sa propre image.
• Le pervers qui se plaît à humilier sa victime.
Quelles sont ses motivations ?
Tous ont une mauvaise image d’eux-mêmes et la plupart d’entre eux ne
répondent pas à des pulsions incontrôlables. Le sexe n’est en fait qu’un
prétexte pour humilier les femmes et prendre ainsi sa revanche sur celles
qu’il craint. Ainsi la plupart du temps, les pressions visent à obtenir des
faveurs sexuelles incomplètes, tels que les attouchements.
Choisit-il ses victimes au hasard ?
Le harcèlement sur le lieu de travail implique qu’il s’agit d’une personne
proche qui n’osera pas se défendre. Il pourra choisir sa victime en fonction
de ses qualités physiques, ou, au contraire, il jettera son dévolu sur une
personne peu attirante, plus vulnérable, et chez qui l’humiliation sera
certaine.