Crise financière : les malheurs des banques font le bonheur des fonds

 
 
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éricaine Merrill Lynch, le 18 juillet 2008 à New York (Photo : Mario Tama)

[31/07/2008 06:48:15] NEW YORK (AFP) Pour les grands fonds d’investissement, puissamment capitalisés, la crise financière est une aubaine: les banques mises hors jeu par leurs pertes à répétition, ils vont pouvoir racheter à bon prix quantités d’actifs dont la valeur ne cesse de dégringoler.

“Quand les places financières se portent mal, comme c’est le cas actuellement, nous achetons. Les opportunités se présentent, à nous de les saisir”, confie l’un des associés du fonds Blackstone, qui a requis l’anonymat.

“Nous sommes le nouveau pouvoir dans la finance”, lance-t-il.

Illustration de ces chemins croisés: quand la prestigieuse banque d’affaires Merrill Lynch était une nouvelle fois obligée de tendre la sébile pour assainir son bilan dévasté par le “subprime”, l’historique fonds Kohlberg Kravis Roberts (KKR) annonçait son entrée prochaine à la Bourse de New York.

La crise des crédits immobiliers à risques a saigné les banques mondiales: entre dépréciations massives et liquidations d’actifs, les institutions financières ont été contraintes de fermer le robinet du crédit.

Un créneau que comptent investir les fonds, même si cela veut dire pour eux un changement de stratégie. Fini les opérations géantes financées par endettement. Mais plus d’acquisitions plus modestes, financées sur leurs fonds propres. Et une plus grande diversification de leurs activités, notamment vers les marchés de la dette et de l’immobilier.

“Aujourd’hui, nombre d’investisseurs institutionnels se tournent vers les investissement alternatifs pour équilibrer leurs portefeuille. Un gestionnaire alternatif de poids comme KKR ne va pas manquer de bénéficier de cette évolution”, soulignait lundi l’un des co-fondateurs de KKR George Roberts.

Et son partenaire Henry Kravis de citer lors de la même conférence “les infrastructures, la dette +mezzanine+ (non prioritaire lors du remboursement) et l’immobilier” parmi les nouveaux territoires de chasse du célèbre fonds.

Le secteur immobilier, qui continue de s’enfoncer dans la crise, est la nouvelle terre promise des fonds d’investissements : les banques, qui ont beaucoup investi dans ce secteur, sont contraintes de brader leurs actifs pour tourner la page une bonne fois pour toutes, estiment les analystes.

En avril, les fonds TPG, Blackstone et Apollo Management ont racheté pour 12 milliards de dollars des prêts à la banque américaine Citigroup.

Le 29 juillet, le fonds américain Loan Star Funds a fait l’acquisition d’une partie des titres complexes (CDO) adossée à des prêts immobiliers de Merrill Lynch pour une bouchée de pain: à 22% de leur valeur nominale. Et de surcroît la banque s’est engagée à financer l’opération!

“L’une des leçons de la crise c’est qu’un bien immobilier, quand il est bien géré et vendu au moment opportun, est un bon actif”, estime Marc Pado, analyste chez Cantor Fitzgerald.

Les fonds d’investissement rencontrent néanmoins quelques résistances.

“La plupart des PDG continuent de faire l’autruche: +Je pense que ma société vaut tant. Je vais donc attendre quelque temps avant de vendre+. Après six à neuf mois, ils se rendent à l’évidence que leur société ne vaudra plus jamais le tant. Du temps perdu!”, raconte David Rubenstein, l’un des fondateurs du fonds Carlyle, dans un entretien à l’Université de Pennsylvanie.

 31/07/2008 06:48:15 – Â© 2008 AFP