[31/07/2008 17:20:56] WASHINGTON (AFP)
Les Etats-Unis ont affiché une croissance décevante au deuxième trimestre, de 1,9% seulement, en dépit du coup de fouet donné par le plan de relance et le dollar faible, ravivant les craintes d’un net affaiblissement d’ici la fin de l’année chez les analystes. Ces chiffres, publiés jeudi par le département du Commerce, ont déçu les marchés qui tablaient sur une hausse de 2,3% du Produit intérieur brut (PIB) en rythme annuel. “Ce sont des chiffres faibles et en deçà des attentes”, a résumé Stephen Gallagher de la Société Générale. La Bourse de New York a logiquement mal pris la nouvelle, l’indice Dow Jones perdant près de 1% à l’ouverture avant de se reprendre un peu ensuite. De plus, la croissance des précédents trimestres a été révisée en baisse, à +0,9% (au lieu de +1%) pour le premier et à -0,2% (au lieu de +0,6%) pour le quatrième trimestre 2007. C’est la première fois que l’économie américaine plongeait dans le rouge depuis la récession de 2001. A moins d’une semaine de la prochaine réunion de la banque centrale, les chiffres du PIB ont peu fait pour apaiser les craintes de récession (couramment définie comme deux trimestres consécutifs de croissance négative). “Il n’y a pas beaucoup de vigueur du côté de la consommation, qui a affiché un gain modeste en dépit des chèques de remise d’impôt” envoyés dans le cadre du plan de relance budgétaire, a souligné Sal Guatieri de la Banque de Montréal. La consommation a progressé de 1,5% seulement (après +0,9% au premier trimestre), les Américains réduisant fortement leurs achats de biens durables comme des voitures par exemple. “Les consommateurs ont plus utilisé leurs chèques pour des choses de première nécessité comme l’alimentation ou l’énergie que pour des produits superflus”, un comportement logique à l’heure du pétrole cher, note Mark Vitner de la banque Wachovia. L’inquiétude des analystes à présent est de voir l’économie flancher au fur et à mesure qu’elle perdra la béquille du plan de relance. Cette perspective devrait renforcer l’idée d’un second plan de soutien, ardemment défendue par une grande partie des démocrates. Le rapport apporte d’autres motifs de préoccupation. A l’heure du dollar faible, la balance commerciale a été le principal moteur de la croissance, avec une hausse de 9,2% des exportations et une chute de 6,6% des importations. Cela ne durera peut-être pas, compte-tenu du fort ralentissement attendu de l’économie mondiale. “La demande extérieure baisse, donc les exportations américaines vont diminuer à coup sûr”, a souligné l’économiste indépendant Robert Brusca. “Je m’inquiète pour la seconde partie de l’année”, a-t-il ajouté. Si la croissance devrait réussir à se maintenir autour de 1% à 1,5% au troisième trimestre, le quatrième risque d’être beaucoup plus faible, estime pour sa part M. Gallagher. Dans ce contexte, “la banque centrale n’est pas en mesure de relever ses taux”, affirme-t-il. L’idée d’une hausse des taux avait pourtant pris corps ces dernières semaines avec la résurgence des tensions inflationnistes, dénoncée avec virulence par plusieurs responsables de la Réserve fédérale. Mais le rapport sur la croissance apporte là des nouvelles rassurantes, puisque l’indice des prix lié au PIB a augmenté de 1,1% seulement. C’est pourquoi les analystes s’attendent à ce que la Fed laisse son taux directeur à 2% lors de sa réunion mardi, et maintienne durablement ce statu quo ensuite “La Fed ne bougera pas jusqu’à l’élection présidentielle”, estime M. Vitner, qui juge qu’une fois cette échéance passée, on peut même s’attendre à un assouplissement monétaire. “Une hausse de taux est hors de question. Ce n’est rien de plus qu’une hypothèse de la part de certains membres de la Fed”, affirme-t-il. |
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