L’alliance d’EDF et British Energy échoue face à l’exigence d’actionnaires

 
 
[01/08/2008 17:12:21] LONDRES (AFP)

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érence de presse, le 1 août 2008 à Paris (Photo : Miguel Medina)

Le mariage entre EDF et le groupe britannique d’électricité nucléaire British Energy, qui semblait acquis jeudi, a échoué dans la nuit, au moins provisoirement, semble-t-il sous l’impulsion d’actionnaires du britannique mécontents du prix offert.

Les deux groupes ont communiqué très brièvement, EDF indiquant d’abord jeudi soir “qu’après des discussions approfondies, (il estimait) que les conditions permettant un développement majeur en Grande-Bretagne ne sont pas réunies à ce jour”. De son côté, British Energy annonçait vendredi matin que les “discussions avancées (avec EDF) avaient continué sans qu’un accord ait été obtenu à ce jour”.

La discussion a manifestement achoppé sur le prix, comme l’a confirmé vendredi le PDG d’EDF Pierre Gadonneix.

La direction de British Energy avait accepté une proposition d’EDF, mais, de sources concordantes, plusieurs grands actionnaires, notamment, selon la BBC, le groupe d’investissement américain Invesco et M&G, branche d’investissement de l’assureur britannique Prudential, ont jugé le prix proposé pas assez attractif.

EDF a proposé 7,65 livres par action, a confirmé jeudi à l’AFP une source proche du dossier, ce qui valorisait le groupe à 12,2 milliards de livres ou 15 milliards d’euros, avec une alternative en numéraire et certificats de valeur garantie.

Ces actionnaires estiment que le prix atteint récemment par le pétrole rendra à brève échéance encore plus intéressante l’électricité nucléaire, et, pour EDF, extrêmement lucratif l’achat de British Energy.

Mettre la main sur le groupe, ou sur ses actifs, paraît plus qu’utile pour participer au renouveau du nucléaire annoncé par le gouvernement de Gordon Brown en janvier, alors que British Energy possède huit des dix centrales vieillissantes en activité en Grande-Bretagne.

Le Royaume-Uni, qui comptait encore récemment beaucoup sur le pétrole et le gaz de Mer du Nord, est très en retard en matière d’électricité nucléaire. Un cinquième de l’électricité du pays vient de cette source contre quatre cinquièmes en France.

La question est à présent de savoir si les discussions reprendront, entre deux directions qui ne sont pas ennemies. Mais qu’il s’agisse ou non d’un moyen de faire pression sur les actionnaires, le communiqué d’EDF semblait montrer un renoncement assez clair.

Celui de British Energy était plus ouvert et le groupe semblait ennuyé de la situation.

Le gouvernement français, qui possède 84,8% d’EDF, n’a pas réagi à la nouvelle. En revanche le ministre de l’Industrie britannique John Hutton a déclaré que le gouvernement britannique, qui possède 35,2% de British Energy, était “déçu”, d’autant qu’un rachat lui aurait apporté une manne bienvenue de plus de cinq milliards d’euros.

“Nous pensions qu’il s’agissait d’un bon accord, et nous étions prêts à l’accepter”, a précisé le ministre. Mais “ce n’était pas l’opinion de tous les actionnaires”.

M. Hutton a fait contre mauvaise fortune bon coeur : “L’avenir du renouveau nucléaire au Royaume-Uni ne dépend pas de cet accord particulier”, a-t-il relevé.

Pierre Gadonneix a eu l’air de considérer également que cet échec n’était pas une catastrophe pour son groupe, qui s’est de toute façon porté candidat, avec le groupe nucléaire Areva, à la construction de réacteurs nucléaires de troisième génération EPR au Royaume-Uni.

“La tendance du nucléaire se confirme dans certains pays, tout principalement au Royaume-uni. C’est un sujet sur lequel EDF entend jouer une position de leader”, a-t-il ajouté.

Le titre British Energy reculait sans s’effondrer à la Bourse de Londres après ces différentes nouvelles, cédant 3,98% à 700,50 pence à 10h30 GMT dans un marché en baisse de 0,09%.

 01/08/2008 17:12:21 – Â© 2008 AFP