OMC : après l’échec de Genève, peu de progrès en vue avant 2009

 
 
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éen chargé du commerce Peter Mandelson, le 28 juillet 2008 au siège de l’OMC à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

[02/08/2008 09:14:20] PARIS (AFP) L’échec des négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) cette semaine à Genève a probablement reporté à 2009 toute avancée dans la libéralisation des échanges commerciaux, même si certains pays demandent une reprise rapide des discussions.

Pour le prix Nobel d’économie et professeur à l’université de Columbia Joseph Stiglitz “les pourparlers ne pourront reprendre qu’après les élections américaines”, d’autant qu’il est “difficile de négocier un accord quand le chômage augmente” et que l’économie faiblit.

Un avis partagé par Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS. “On va attendre l’arrivée de la prochaine administration américaine”.

L’Inde, poids lourd de l’OMC, devrait organiser des élections fin 2008.

Certains pays ne cachent pas leur satisfaction de voir le cycle de Doha paralysé, à l’instar de l’Italie. Elle a fait partie d’un groupe de 9 pays européens, dont la France et l’Irlande, qui jugeaient que l’Europe avait lâché trop de lest par rapport à ses partenaires commerciaux.

Le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier a lui suggéré d’ouvrir les discussions sur les produits agricoles, qu’il qualifie d'”actifs stratégiques”, vers d’autres institutions, comme l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou le Fonds monétaire international (FMI).

Un argument typiquement “protectionniste”, pour Elie Cohen.

Joseph Stiglitz ajoute qu’il est difficile de déplacer les négociations vers d’autres instances, malgré leur complexité: “En ayant beaucoup de sujets réunis dans un même forum, il est plus aisé de trouver des compromis”.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays aurait été l’un des principaux bénéficiaires d’un nouvel accord de libéralisation du commerce, suggère lui d’organiser une réunion de chefs d’Etat pour apporter une “solution politique” au cycle de Doha, amorcé en 2001.

Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a de son côté appelé à une reprise dès cet automne des discussions, un avis que partage l’Allemagne.

Le directeur général de l’OMC Pascal Lamy a affirmé vendredi que des réunions étaient “actuellement en cours (à Genève) sur la clause de sauvegarde sur laquelle ont buté les négociations”, appelant à dépasser cet “obstacle technique”.

Un haut fonctionnaire de l’OMC jugeait toutefois “pratiquement impossible de conclure les négociations avant la fin de l’année” et estimant que l’objectif était désormais d'”avancer pour pouvoir présenter un paquet ficelé à la nouvelle administration américaine ainsi qu’à l’Inde après les élections”.

Elie Cohen s’attend entre-temps à la multiplication des conventions bilatérales ou régionales, comme le souhaite notamment la Commission nationale d’agriculture du Brésil. Elles ont largement augmenté depuis l’Uruguay Round, le cycle de négociations ayant précédé celui de Doha. Mais ce type d’accord complique le commerce mondial et risque de défavoriser les pays les plus faibles, argumente M. Cohen.

La paralysie actuelle de l’OMC ne devrait cependant pas porter un coup fatal au commerce international, qui s’est “formidablement développé depuis l’Uruguay Round, avec une croissance de 6% par an”, poursuit-il. “Les accords déjà en place protègent contre les dérapages. Nous espérions surtout des progrès”, renchérit M. Stiglitz.

Principalement pour les pays en développement. Les producteurs de coton africains du C4 (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad) espéraient une baisse des subventions chinoises et américaines sur le coton et sont repartis sans l’amorce d’une négociation.

Leur industrie, qui fait vivre 20 millions de personnes, est aujourd’hui menacée de disparition.

 02/08/2008 09:14:20 – Â© 2008 AFP