Thon-crudités,
jambon-fromage, poulet rôti-mayonnaise et frites- shawarma exposé au petit
feu tout au long de la journée ont depuis longtemps détrôné, dans les
banlieues huppées et populaires de la capitale, le traditionnel plat
tunisien, naguère réputé incontournable pour les amateurs d’un mode de
restauration fondé sur les acides gras, les salaisons et les protéines en
abondance. Ce qui a fait le bonheur du marché du sandwich dont l’expansion
se confirme chaque année, dans tous les coins de la République, collant
ainsi aux besoins des classes moyennes urbaines, mobiles, pressées, à la
merci d’un mode de vie chronométré, sans pitié pour les retardataires.
Le sandwich est devenu, en Tunisie, une véritable industrie dont les
différents acteurs nationaux rivalisent d’imagination pour diversifier leur
offre et attirer une clientèle, avide de nouveautés et de promotions. Pain
aux olives, au blé, pain aux oignons, pain aromatisé, offres duo, trio, mini
sandwich, format «slim» ou XLL, formules repas incluant la boisson et le
dessert…Tout est fait pour s’adapter au développement du nomadisme chez les
Tunisiens. Les recettes, de plus en plus élaborées, s’appuient sur les deux
produits de base que sont le poulet, décliné sous toutes ses formes, et les
légumes. Croquants ou cuisinés, voire tartinables. Ils ne sont pas toujours
diététiques, mais les producteurs font des efforts, surtout au coin des
périphéries dorées de la capitale, pour alléger les consciences des
consommateurs au régime : ils ont créé des gammes light et fitness, vantent,
sur des affiches placardées, la naturalité des matières premières et clament
leur volonté de réduire, autant que faire se peut, l’apport d’acides gras.
Le prix moyen du sandwich bien garni est légèrement supérieur à 1,5 D, mais
les écarts d’un lieu à l’autre sont extrêmement importants. Si les enseignes
du centre-ville le proposent à 2D, dans les aéroports, les prix s’envolent
fréquemment au dessus de 4D. Un engouement que n’avait certainement pas
imaginé sir John Montagu, quatrième comte de Sandwich, joueur invétéré, qui
avait inventé, d’après certains chroniqueurs, ce mode de restauration rapide
au XVIIIème siècle pour ne pas interrompre sa partie de cartes.
Il se vend chaque année des millions de sandwichs en Tunisie, ce qui pousse
la boulangerie industrielle à se frotter les mains. La charcuterie vient
encore en bonne place dans les garnitures, mais elle perd du terrain, nous
dit un éminent restaurateur de La Marsa, au profit de la volaille, des
produits de la mer et des légumes. Le fromage tient également son rang chez
des Tunisiens friands de goût et de bonne saveur.
Quoi qu’il en soit, la formule du sandwich, mode de restauration rapide, est
devenue, de loin, la plus privilégiée en Tunisie où l’envolée des matières
premières, affirme un cadre dans la fonction publique, et la baisse du
pouvoir d’achat amènent les Tunisiens à faire des arbitrages budgétaires,
auxquels s’ajoutent des contraintes de temps.
|