[05/08/2008 11:33:34] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) va laisser ses taux inchangés jeudi. L’affaire est entendue pour les analystes, qui sont en revanche divisés sur la suite. Le conseil des gouverneurs de la BCE — son principal organe de décision — devrait laisser le principal taux directeur inchangé à 4,25% à l’issue de sa réunion qui se tiendra à Francfort (ouest). L’institution monétaire avait relevé en juillet ce taux d’un quart de point pour éviter une envolée de l’inflation dans les quinze pays de la zone euro. En juillet, l’inflation a atteint un nouveau record à 4,1% sur un an (alimentée par la hausse des prix pétroliers et alimentaires), quand l’objectif de la BCE est d’un peu moins de 2%. Et alors que se déroulent actuellement des négociations salariales dans plusieurs pays de la zone euro, l’institution monétaire craint que des augmentations de salaires viennent encore renforcer cette tendance. De quoi donner des arguments aux partisans d’une ligne dure. “Notre responsabilité première, c’est de maîtriser l’inflation”, soulignait Nout Wellink, président de la Banque centrale des Pays-Bas, dans une interview parue la semaine dernière dans l’hebdomadaire économique belge Trends-Tendance. Mais la BCE doit prendre un autre facteur en compte: alors que la crise financière dure depuis un an, les perspectives pour la croissance en zone euro s’assombrissent, à en croire une série d’indicateurs récents, et des analystes n’excluent plus une récession, soit deux trimestres consécutifs de recul du Produit intérieur brut (PIB). Or, une nouvelle hausse de taux pourrait étouffer un peu plus la croissance. Ainsi, sur 46 analystes interrogés par Dow Jones Newswires, 33 tablent sur des taux inchangés jusqu’à la fin de l’année, tandis que dix prédisent un nouveau relèvement de 25 points de base. Seuls deux d’entre eux s’attendent à une baisse. Et d’ici la mi-2009, les avis divergent encore plus. “Nous continuons à tabler sur un relèvement de 25 points de base en septembre mais (…) si l’inflation n’augmente pas en août ou si les indicateurs d’activité se dégradent fortement, les chances d’une hausse diminuent”, commente Sunil Kapadia, analyste chez UBS. Nick Kounis, de Fortis, partage le même avis, mais remarque que tout pronostic est difficile avant la publication en septembre des nouvelles prévisions de la BCE sur la croissance et l’inflation. Leur homologue de Bank of America, Holger Schmieding, table en revanche sur un statu quo en septembre, alors que le reflux actuel du prix du pétrole devrait entraîner un recul de l’inflation en août. L’analyste ne s’attend pas à ce que le Français Jean-Claude Trichet, président de la BCE, donne des indications claires pour la suite. M. Trichet devrait répéter qu’il n’a “pas d’orientation” sur les décisions futures, explique-t-il dans une note. La dégradation des indicateurs économiques devrait aussi conduire le Français à ne pas répéter que “les fondamentaux économiques sont sains en zone euro”, comme il le fait depuis plusieurs mois, selon Jürgen Michels, analyste chez Citigroup, fermant la porte à de nouvelles hausses de taux. Pour lui, un ralentissement économique pourrait même obliger la BCE à abaisser ses taux courant 2009. Des directeurs du Fonds monétaire international (FMI) ont aussi estimé lundi que la BCE devrait mieux maintenir le statu quo sur ses taux, tout en “continuant de surveiller de très près” la situation. Normalement, la BCE tient son conseil d’août via une téléconférence. Mais après avoir dû organiser en urgence une réunion et convoquer la presse en 2006 et 2007, elle a renoncé cette année à cette tradition. |
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