GB : ITV, dans le rouge, prédit un effondrement du marché publicitaire

 
 
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é le 6 août 2008 (Photo : Leon Neal)

[06/08/2008 12:46:16] LONDRES, 6 août 2008 (AFP) Le retournement économique en cours au Royaume-Uni vient de faire une nouvelle victime: le groupe de télévision ITV, qui a accusé une lourde perte semestrielle et prévoit un effondrement du marché publicitaire à la rentrée.

ITV a essuyé sur les six premiers mois de l’année une perte nette de 1,537 milliard de livres, contre un bénéfice de 83 millions un an plus tôt, pour un chiffre d’affaires en hausse de 2,7% à 1,031 milliard.

Cette perte massive, qui fait suite à plusieurs années d’érosion simultanée des audiences et des bénéfices, est due à une provision d’1,6 milliard de livres, qu’ITV a inscrite dans ses comptes du fait d’une dégradation de ses prévisions de recettes publicitaires.

“La dépréciation est due au retournement des perspectives à court terme du marché publicitaire, qui est fortement exposé au retournement général de l’économie”, a justifié ITV.

ITV rejoint ainsi les rangs des entreprises britanniques, jusque-là concentrées dans des secteurs comme la finance, l’immobilier ou la distribution, qui subissent de plein fouet le fléchissement de la croissance: après une décennie d’abondance, les économistes jugent désormais possible une entrée en récession du pays, où la crise du crédit a provoqué l’éclatement d’une bulle immobilière.

Le groupe, qui gère le plus important réseau de télévision privé hertzien de Grande-Bretagne, a précisé s’attendre à une chute de 20% de ses recettes publicitaires en septembre, où il souffrira d’une base de comparaison défavorable (septembre 2007 avait bénéficié de la Coupe du monde de rugby). Pour la suite, il dit manquer de visibilité.

ITV va du coup tenter d’économiser plusieurs dizaines de millions de livres par an, et a commencé par diviser par deux son dividende semestriel.

Mais il s’est refusé à rogner sur un programme d’investissement crucial, qui vise à redresser les audiences face à une concurrence toujours plus vive.

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à Londres le 6 mai 2008 (Photo : Leon Neal)

Ces nouvelles ont été très mal digérées par les investisseurs. A la mi-séance, l’action ITV décrochait de 8,21% à 42,50 pence, dans un marché londonien stable, portant à 50% le repli du titre sur un an.

La banque suisse UBS a selon l’agence Dow Jones Newswires maintenu sa recommandation sur le groupe à “vendre” avec un objectif de cours de 28 pence, disant craindre une révision en baisse des prévisions du marché.

De leur côté les analystes de la maison de courtage écossaise Macamac ont estimé que les perspectives du groupe n’étaient “pas encourageantes”. Selon eux, “la consolidation est la seule lueur d’espoir à court terme”.

Une allusion aux spéculations sur un éventuel rachat d’ITV, qui ont été relancées en début d’année par l’obligation faite au bouquet satellitaire BSkyB (groupe News Corp) de céder sa part de 17,9% dans le groupe.

ITV, créé en 1955 pour mettre fin au monopole de la BBC, et qui diffuse toujours sur ses quatre chaînes principales certaines des émissions les plus regardées du pays, accumule les déboires ces dernières années.

En 2005, il doit fermer sa chaîne d’information en continu ITV News. En 2006, BSkyB (un de ses principaux concurrents) s’invite à son capital, bloquant une tentative de rachat lancée par le câblo-opérateur NTL (devenu Virgin Media).

En 2007, en panne de stratégie, ITV débauche chez l’ennemi Michael Grade, le patron de la BBC, pour redresser ses taux d’audience en chute libre. Ce vétéran du paysage audiovisuel britannique lance en septembre un plan de restructuration ambitieux, mais dont les effets tardent à apparaître.

Pour couronner le tout, ITV a écopé en mai dernier d’une amende record (7,2 millions d’euros) dans le cadre d’un scandale de jeux télévisés truqués, qui a fortement écorné sa réputation auprès des téléspectateurs.

 06/08/2008 12:46:16 – Â© 2008 AFP