A Saint-Tropez, les folles dépenses des années fastes se font rares

 
 
photo_1218104606477-1-1.jpg
és le 06 août 2008 au port de Saint-Tropez (Photo : Eric Estrade)

[07/08/2008 10:30:29] SAINT-TROPEZ (AFP) En baie de Saint-Tropez, la haie de yachts est plus clairsemée que d’habitude, les commerces de luxe font grise mine et les folles dépenses des années fastes ne semblent plus concerner qu’un petit cercle de super-privilégiés.

Il flotte comme un parfum de nostalgie dans l’air climatisé de cette boutique d’un grand nom de la mode italienne: “l’année dernière, un client qui repartait avec 8.000 euros d’achat, c’était une vente basique. Cet été, quand on vend pour 3.000 ou 4.000 euros, on est content”, soupire une vendeuse, sous couvert d’anonymat, dans le magasin désert.

Sa collègue renchérit: “Les étés passés, il n’y avait pas assez de cabines d’essayage et à la fermeture, il fallait empêcher les clients de continuer à entrer”.

Dans la boutique d’une autre griffe italienne, le chiffre d’affaires de juillet 2008 est cependant en hausse, “mais avec une fréquentation en nette baisse”, témoigne Anne, l’une des employée.

Explication: “Nous avons réalisé moins de ventes mais pour des sommes souvent très importantes. Le maximum ? Une cliente repartie avec plus de 50.000 euros d’achat. On a l’impression que le cercle des acheteurs se resserre autour de gens très, très, très riches chez lesquels il y a peu de limite”.

Même constat sur le port de la cité azuréenne: beau fixe mais mer calme, trop calme. “Les yachts de plus 40 mètres des super-privilégiés sont bien là mais sur les 15-35 mètres, il y a une grosse, grosse baisse de fréquentation. Ce ne sont pourtant pas les bateaux de M. Tout-le-monde mais d’une clientèle à fort pouvoir d’achat, absente cette année”, note Guy Chevalier, responsable d’une société de taxi-bateau.

photo_1218104702400-1-1.jpg
à côté de Saint-Tropez (Photo : Eric Estrade)

Cette évolution ne fait pas l’affaire de son entreprise qui propose aux passagers des yachts mouillant dans la baie de les déposer au port pour 80 euros l’aller et retour, 120 euros la nuit: “on est facilement au 1/3 de l’activité de l’année passée, on a beaucoup moins de fêtards qui viennent juste mouiller à Saint-Tropez pour une soirée”.

“Il y a cet été une moyenne de 30 bateaux au mouillage contre une soixantaine les années passées”, reconnaît Hervé Le Fauconnier, directeur du port, tout en refusant le verdict de morosité.

“Le port affiche complet et les grands capitaines d’industrie sont bien là. Mais il est vrai que ce sont des gestionnaires d’argent, très réactifs à l’évolution de l’économie et capables de modifier leur trajet s’ils avaient prévu de faire le tour des ports de la Méditerranée”.

Aussi les golden-boys en vacances se jettent-ils dès le réveil sur les cours de la Bourse, le nez dans les quotidiens économiques ou sur les bornes wi-fi des hôtels: “Je n’ai jamais vu ça: avant, nos clients venaient ici pour faire le break total. Cette année, ils ont le nez sur leur ordinateur à 8H00 du matin”, constate un voiturier du Yacca, un hôtel 4 étoiles de la vieille ville.

Sur le comptoir de la réception d’un 4 étoiles voisin, “La Ponche”, l’employé désigne un tas de fax expédiés par des hôtels de même standing qui font part de leurs disponibilités pour le mois d’août: “En quatre ans, c’est la première fois que je reçois ce genre de message. Malheureusement, nous sommes loin d’être complet, contrairement à l’été passé”.

“Les gens qui ont beaucoup d’argent sont prêts à dépenser mais sont devenus plus exigeants sur la qualité, note encore Astrid Michel, agent immobilier. Quand on laisse 1.500 euros par jour sur une plage privée, on est en attente d’un service à la hauteur. A Saint-Tropez, ce n’est pas toujours le cas”.

 07/08/2008 10:30:29 – Â© 2008 AFP