[07/08/2008 15:51:30] FRANCFORT (Allemagne), (AFP) La croissance en zone euro ralentit nettement, a reconnu jeudi le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, qui n’a pas adouci pour autant sa position face aux dangers inflationnistes. Les derniers indicateurs économiques mesurant la santé économique des Quinze le laissaient déjà penser, M. Trichet l’a confirmé: la croissance sera “substantiellement plus faible” au deuxième et au troisième trimestre, après un premier trimestre solide. “Nous avions identifié certains risques pour la croissance (…), certains se matérialisent”, a ajouté le Français lors d’une conférence de presse à Francfort (ouest), sans plus de précisions. Il faudra attendre le 14 août, date de la publication d’une première estimation du PIB du deuxième trimestre, pour connaître l’ampleur du ralentissement. Au premier trimestre, la croissance avait atteinte 0,7% comparé au trimestre précédent. Mais pour M. Trichet, ce ralentissement ne constitue vraiment pas une surprise. La BCE avait déjà prévu que les Quinze ne renouvellent pas leur bonne performance du premier trimestre et pour lui, “à moyen terme, les fondamentaux de la zone euro sont sains”. Le Français a en revanche insisté fortement sur les dangers inflationnistes. L’inflation, qui a enregistré un nouveau record en juillet à 4,1% sur un an, est à un “niveau inquiétant”, a-t-il jugé, bien au-delà de l’objectif de la BCE d’un taux légèrement inférieur à 2%. Et la situation ne devrait s’améliorer progressivement que l’an prochain, en dépit du repli récent des prix pétroliers. Du coup, la BCE a eu raison de relever son principal taux directeur d’un quart de point à 4,25% en juillet, a-t-il répété, alors que des critiques -venues notamment de France- craignaient que ce geste porte un coup à une croissance déjà faible. “M. Trichet a de nouveau répété que la Banque centrale n’a pas d’idée préconçue (sur l’évolution des taux, ndlr) mais un but: la stabilité des prix”, relève Alexander Krüger, analyste chez Bankaus Lampe. Pour autant, même si l’institution monétaire s’inquiète toujours des dangers inflationnistes, elle n’aura plus l’occasion de durcir sa politique monétaire. “La fenêtre pour un nouveau relèvement de taux (…) s’est fermée”, selon M. Krüger. Il faudra à présent attendre septembre et la publication des nouvelles prévisions trimestrielles de la BCE sur l’inflation et la croissance pour en savoir plus sur les intentions de la BCE, estiment les analystes. En juin dernier, la BCE tablait encore sur une croissance de 1,8% en 2008 et de 1,5% en 2009, et sur une inflation de 3,4% cette année et 2,4% l’an prochain. Elle devrait revoir en baisse ses prévisions de croissance, selon Clemente Delucia de BNP Paribas. Les derniers indices d’activité et de consommation de ménages laissent penser que le ralentissement sera plus fort que prévu par la BCE, souligne l’analyste. Et la Banque centrale devrait dans la foulée adoucir le ton jusque là adopté face à la menace inflationniste. Sylvain Broyer de Natixis s’attend à ce qu’elle le fasse à l’automne et qu’elle abaisse en deux temps son principal taux directeur à 3,50% à partir de mars 2009. D’autres analystes, comme M. Krüger, pense en revanche que la BCE devrait “garder son attitude de ‘wait and see’ pour une période prolongée”. Cela dépendra beaucoup de l’évolution des prix du pétrole, souligne M. Broyer: s’ils s’envolent de nouveau, le scénario d’une baisse de taux devient moins probable. Mais prédire leur évolution et celle des prix alimentaires, “c’est probablement l’exercice le plus difficile que vous pouvez imaginer”, a estimé M. Trichet. |
||
|