[08/08/2008 15:41:13] LONDRES (AFP) Avec l’achat coûteux de la banque néerlandaise ABN Amro, et un manque à gagner de près de six milliards de livres lié à la crise du crédit, la banque britannique Royal Bank of Scotland a confirmé vendredi les premières pertes de son histoire, moins graves cependant que redouté. RBS a connu au premier semestre une perte nette de 802 millions de livres, ou 761 millions pro forma. Ces pertes ne sont pas une surprise pour les économistes, alors que RBS avait annoncé dès avril que la crise du crédit réduirait son revenu de 5,9 milliards de livres (7,5 milliards d’euros). Les dépréciations se sont montées finalement à 5,925 milliards de livres, auxquelles s’ajoutent 1,661 milliard de livres de créances douteuses (en hausse de 91%). Des pertes ont certes été annoncées récemment par d’autres banques, aux Etats-Unis, en Suisse ou au Japon ces dernières semaines. Mais pour RBS c’est une première depuis sa cotation il y a quarante ans, et elle est la première grande banque britannique à connaître cet opprobre dans la foulée de la crise du crédit. La perte annoncée vendredi est cependant inférieure à ce que craignaient les analystes, qui avaient parié sur environ 1,2 milliard de pertes. Le groupe avait assuré en avril qu’il était déterminé à restaurer ses finances abîmées, outre par la crise du crédit, par l’acquisition coûteuse d’ABN Amro. RBS, à la tête d’un consortium composé aussi de l’Espagnole Santander et de la Belge Fortis, avait en effet surenchéri sur Barclays l’an dernier pour l’acquisition de la Néerlandaise et RBS avait déboursé la plus grosse part des 71 milliards d’euros de cette acquisition. RBS a lancé en avril une augmentation de capital record de 12 milliards de livres, qui a réussi, et un plan de cession d’actifs d’au moins quatre milliards de livres, passant notamment par la cession de son activité d’assurance. Cette vente en revanche achoppe pour l’instant. Le tout avec l’idée de porter à au moins 6% contre 4% à l’époque son niveau de capitaux propres “Core Tier One”. RBS a annoncé vendredi que celui-ci s’établissait à 5,7% fin juin, contre 5,2% attendu en général par les analystes. Couplée à la taille plus modeste que redouté des pertes, et à l’assurance donnée que le groupe avait fortement réduit son exposition aux produits de marché les plus risqués, cette annonce a soutenu le titre RBS à la Bourse de Londres pendant une grande partie de la journée. RBS a même gagné jusqu’à 4,39% à un certain moment. Le directeur général Fred Goodwin a reconnu que “devoir annoncer une perte (…) est quelque chose que mes collègues et moi-même regrettons beaucoup”. Alors que lui-même et le président Tom McKillop ont été contestés récemment par différents actionnaires, M. Goodwin a indiqué que le groupe était “parfaitement conscient d’avoir eu lourdement recours à ses actionnaires”, et “reconnaissait désormais devoir montrer un niveau de performances qui corresponde aux espoirs du groupe et restaure la valeur des actions”. Il a répété qu’il ne vendrait pas l’activité d’assurance à vil prix, d’autant que la vente récente aux supermarchés Tesco des 50% de RBS dans leur coentreprise de finance personnelle ferait remonter le ratio à 5,8% et qu’il ne manquerait plus ensuite qu’un milliard et demi de cessions pour arriver aux 6%. Ces nouvelles ont en général rassuré. Mais plusieurs analystes ont relevé que RBS reste très exposé aux marchés américain et britannique en ralentissement. La banque est notamment le premier prêteur aux entreprises au Royaume-Uni, “un secteur qui devrait être la principale source de hausse des créances douteuses dans le pays” prochainement, selon Lehman Brothers. |
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