Inquiétudes sur la Géorgie, maillon clef du transit de pétrole et de gaz

 
 
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éoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) (Photo : Laurence Saubadu)

[10/08/2008 14:02:22] LONDRES (AFP) La Géorgie, voie de transit clef pour les hydrocarbures de la mer Caspienne vers l’ouest, voit sa position menacée par les violents combats avec la Russie, au grand dam des Occidentaux inquiets en particulier pour la sécurité du nouvel oléoduc BTC construit à grand frais.

Alors que la Géorgie ne produit pas de pétrole, les compagnies énergétiques occidentales avaient misé sur ce pays pro-occidental, situé entre l’Iran et les oléoducs et gazoducs sous monopole russe, pour développer les exportations d’hydrocarbures extraits d’Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président géorgien Mikheïl Saakachvili en 2004, qui a encouragé le rapprochement de Tbilissi avec Washington et l’Europe, deux nouveaux pipelines ont été mis en fonctionnement, mais le conflit avec la Russie pourrait mettre en danger le transit par ce pays.

L’Azerbaïdjan a annoncé samedi la suspension de ses exportations de pétrole via les ports géorgiens de Koulevi et Batoumi, sur la mer Noire en raison du conflit.

Et le Premier ministre géorgien, Lado Gourgenidze, a déclaré de son côté que l’aviation russe avait effectué samedi des bombardements à proximité de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui n’a cependant pas été endommagé.

L’opérateur du pipeline, la compagnie pétrolière britannique BP, interrogée par l’AFP a mis en doute les informations sur ces bombardements. “Nous ne sommes pas au courant, et je pense que nous le serions si cela était vrai”, a déclaré un porte-parole de la compagnie.

BP possède 30% de cette infrastructure dont la construction a coûté plus de 3 milliards de dollars aux côtés d’une dizaine d’autres partenaires, dont les groupes américains Chevron et ConocoPhillips.

Inauguré en 2006, le BTC, long de 1.774 km, achemine le pétrole des gisements azerbaïdjanais de la mer Caspienne vers le port turc de Ceyhan sur la Méditerranée avec une capacité de 1,2 million de barils/jour.

Mais Paul Stevens, analyste pétrolier pour l’institut Chatham House, estime que le sort du BTC ne devrait pas affoler immédiatement les marchés alors que le transit est déjà interrompu depuis mercredi après un incendie en Turquie dû à une explosion.

“Même si le tube est mis hors service pour une semaine ou deux il est très peu probable que cela ait beaucoup d’effet sur l’offre mondiale de pétrole”, a-t-il souligné sur la chaîne Sky News.

BP est également l’opérateur de l’oléoduc Bakou-Soupsa, un pipeline soviétique rénové, qui débouche sur la côté géorgienne de la mer Noire ainsi que du nouveau gazoduc du Sud Caucase (Bakou-Tbilissi-Erzurum).

Cette infrastructure de 692km transporte quelque 8 milliards de m3 de gaz par an du vaste champ offshore azerbaïdjanais Shah Deniz via la Géorgie jusqu’à la frontière entre la Turquie et la Géorgie.

Pour Natalia Leschenko, analyste de Global Insight, les pipelines géorgiens ne devraient pas être touché par l’actuelle offensive russe contre la Géorgie.

“La tâche des forces russes à présent est de s’assurer le contrôle de l’Ossétie du Sud (…) les pipelines ne seraient en danger que s’il y avait une escalade et que la Russie décidait d’un blocus économique”, observe-t-elle.

Michael Denison, membre associé de Chatham House considère cette éventualité comme peu probable.

Des frappes ou “des tentatives de la Russie de prendre contrôle des pipelines seraient extrêmes car alors l’Otan pourrait conclure à une menace existentielle pour sa sécurité et cela impliquerait une réponse militaire”, observe-t-il.

Les analystes s’accordent à dire cependant que les combats en Géorgie devraient décourager à long terme les investissements dans les hydrocarbures de la Caspienne, perçus jusqu’à récemment comme une alternative aux ressources contrôlées par les pays du Proche-Orient et par la Russie.

 10/08/2008 14:02:22 – Â© 2008 AFP