C’est dans une ambiance tendue
que l’AGO et l’AGE de l’UIB-Société Générale se sont tenues le 9 août
dernier. Les actionnaires furieux ont tout fait pour montrer leur
mécontentement et leur désarroi face au développement de la situation de l’UIB,
et face aux derniers
résultats déficitaires de l’exercice 2007. Malgré
tout, ses comptes ont été certifiés par les deux commissaires aux comptes,
ce qui n’était pas le cas pour l’exercice 2006.
Un PNB en recul de 7,3% par rapport à 2006, un total bilan en baisse de
6,5%, et un résultat brut d’exploitation en baisse de 22,8 MDT. La
perte de l’exercice s’est élevée à 185 MDT, les fonds propres à
-20,4 MDT, le ratio de solvabilité à -1,4%. La situation des filiales n’est
pas plus reluisante. Ainsi, des résultats négatifs ont été enregistrés à tous les
niveaux, dégageant un résultat net consolidé de -178,683 MDT.
Mécontentement général
“Un échec cuisant”, estime un des
actionnaires, qui considère que c’est à la Société Générale qu’incombe “la
mauvaise gestion” de l’UIB après plus de 5 ans de son entrée dans le capital
de la banque. «Nous nous attendions à un transfert de
savoir-faire et de technologie. Il n’en est rien», a-t-il indiqué.
Pris d’assaut, M. Bernard David, président du Conseil
d’administration, reconnaît que la Société Générale a commis «une erreur de
diagnostic au niveau de l’acquisition» et n’a pas saisi correctement l’ampleur
des difficultés que la banque traversait à l’époque.
Et les protestations s’enchaînent avec l’évocation des coûts des conventions entre l’UIB et la Société Générale;
allant jusqu’à un appel à y renoncer; estimant que ces charges «vont grever lourdement les
comptes de l’UIB».
Au sujet des expatriés
français, réduits à un alors qu’ils étaient quatre auparavant, la fureur des
actionnaires s’est poursuivie au sujet des cadres étrangers. “Quel intérêt de faire venir des cadres
étrangers qui sont payés plus que les cadres tunisiens et de faire appel à
des experts étrangers alors qu’on a des compétences de tout genre en
Tunisie?”, lancera un actionnaire.
Plan de restructuration
Face à l’amertume de certains actionnaires, M. Kamel Néji, le nouveau
Directeur Général (depuis avril 2008), n’a pas cédé à la panique et a présenté
le plan de restructuration et de recapitalisation de
la banque à un public pas vraiment très convaincu.
Principal axe de cette restructuration concerne la recapitalisation de la banque qui
sera montée en trois étapes : 70 MDT sous forme d’augmentation de capital en
actions, 20 MDT sous forme d’augmentation de capital en certificats
d’investissement et 80 MDT sous forme d’émission d’emprunts subordonnés, de
manière à constituer des fonds propres complémentaires et à des conditions
modérées. Ce plan de recapitalisation saura, selon le management de la
banque, restaurer le ratio de
solvabilité dans la durée, à un niveau supérieur de 8% durant la période
2008-2012.
M. Kamel Néji précisera, également, que la banque a
élaboré un nouveau modèle économique qui s’appuiera sur le renforcement du
positionnement de la banque sur le «corporate», la réactivation de la
position de la banque en matière de produits et de prestations dédiés à
l’activité commerce extérieur et le lancement d’une nouvelle
ligne de métier «Banque d’affaires» dès le 1er septembre 2008.
Mais qu’en est-il du business plan ? «Il est finalisé
et fin prêt. Ne vous inquiétez pas, il vous sera transmis au plus tôt
possible», indiquera M. Néji, en réponse aux réclamations des actionnaires. Il
en annoncera quelques chiffres : en 2008, le total bilan remontera à 1,9 MDT,
et en 2012, il sera de 3,5 MDT. Le coefficient d’exploitation, actuellement à
un niveau préoccupant de 203%, sera réduit en 2012 à 54,2%.
Le
résultat net ne sera bénéficiaire qu’à partir de l’exercice 2009 avec 7 MDT
(un déficit de 5 MDT est prévu pour l’exercice 2008). L’UIB prévoit de
retrouver une capacité bénéficiaire renforcée en 2010, pour atteindre en 2012
un résultat bénéficiaire de 52 MDT.
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