[11/08/2008 14:30:27] PARIS (AFP)
La production industrielle française a de nouveau reculé en juin après une chute en mai, un mauvais signe de plus pour la croissance, que les économistes prévoient anémique, voire négative au deuxième trimestre. “On peut quasiment parler de récession industrielle”, juge Nicolas Bouzou, d’Asterès, qui s’inquiète du recul “très rapide” de la production, revenue “à son plus bas depuis le premier semestre 2006”. En juin, la production industrielle a baissé de 0,4% après avoir chuté de 2,9% le mois précédent, a indiqué l’Insee lundi. Sur l’ensemble du deuxième trimestre, la production baisse de 1,4% comparé au premier trimestre, et de 0,2% sur un an. L’industrie automobile continue sa chute rapide: -3% en juin après -8% en mai. “On n’avait pas fait pire depuis le quatrième trimestre 2001”, relève Alexander Law, qui attribue cette mauvaise performance aux “politiques de délocalisation de PSA et Renault”, à la “morosité des marchés ouest-européens” ou encore à l’éco-pastille. La production agricole et alimentaire, celle de biens d’équipement ou de biens intermédiaires (produits chimiques, en plastique, en bois, papier ou carton…) reculent. Nicolas Bouzou remarque que ces derniers “sont situés en amont de la chaîne de production” et “envoient donc un signal négatif sur la conjoncture industrielle pour les trois prochains mois”. Il note toutefois que la production de biens intermédiaires reste en légère hausse au deuxième trimestre, grâce à l’aéronautique et à la demande des pays émergents sur “certains segments comme la mécanique”. Les secteurs de l’énergie, de la construction et des biens de consommation rebondissent eux après un recul en mai. Le recul global de la production industrielle s’ajoute à la litanie de mauvaises nouvelles de ces dernières semaines. Le déficit commercial s’est encore creusé au premier semestre, atteignant 24,387 milliards d’euros contre 15,801 milliards un an plus tôt. La consommation est tombée dans le rouge en juin, même si elle reste à la hausse sur un an. L’indice d’activité PMI dans les services a subi sa plus forte contraction depuis dix ans, celui du secteur manufacturier est au plus bas depuis cinq ans, et l’indicateur avancé de l’OCDE pour la France a également reculé le mois dernier. Le moral des industriels est lui au plus bas depuis depuis cinq ans, celui des ménages depuis 20 ans… Vu ces mauvais indicateurs, la croissance du deuxième trimestre, qui sera publiée le 14 août, “a sans doute été très faible, voire négative”, estime Mathieu Kaiser, économiste de BNP Paribas, pour qui “une récession est plus que probable d’ici la fin de l’année”. “Tous les voyants sont dans le rouge, ce qui ne peut que renforcer nos craintes d’une très mauvaise surprise pour la croissance du deuxième trimestre”, renchérit Alexander Law, de Xerfi. Il anticipait jusqu’alors une croissance de 1,7% pour 2008 mais pourrait réviser cette prévision à 1,5%. M. Bouzou table lui sur une hausse du PIB limitée à 0,1 ou 0,2% au deuxième trimestre et sur 1,4% ou 1,5% pour 2008. Le gouvernement espère entre 1,7% et 2% de croissance, tout en reconnaissant qu’elle risque d’être proche du bas de cette fourchette. Le repli de l’euro et des cours du pétrole apporte toutefois une note d’espoir. La hausse de l’inflation liée à la flambée pétrolière ne semble pas avoir entraîné de bond des salaires, ce qui pourrait permettre à la croissance de repartir à partir de la mi-2009, prévoit Olivier Bizimana, du Crédit Agricole. |
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