[12/08/2008 11:18:29] LONDRES (AFP)
Malgré l’ambition du Premier ministre britannique de développer les énergies renouvelables au Royaume-Uni, le ministère de la Défense a mis son veto depuis début 2008 à près d’une vingtaine de projets de fermes éoliennes. Selon l’association britannique des industriels de l’énergie éolienne (BWEA), des demandes de permis de construire ont été déposées pour des parcs éoliens représentant au total une production de sept gigawatts (20% de la consommation des 25 millions de foyers britanniques). Quatre gigawatts ont déjà été bloqués par le ministère de la Défense (MoD), a précisé à l’AFP Charles Anglin, porte-parole de l’association. L’opposition du MoD constitue “un problème important” qui met en péril la réalisation des objectifs du gouvernement, a-t-il ajouté. Le gouvernement “doit décider de ses priorités”, a-t-il affirmé. Un paradoxe que l’association écologiste Greenpeace n’hésite pas à faire remarquer : “Le ministère de la Défense est en quelque sorte le principal obstacle à la politique du gouvernement lui-même”, a indiqué Robin Oakley, responsable des campagnes énergie et climat à l’association. “L’Espagne ou l’Allemagne ont également une armée, elles ont une aviation, et pourtant elles ont développé avec succès l’énergie éolienne”, a remarqué M. Oakley. Le gouvernement a donné vendredi son feu vert à deux projets de parcs qui produiraient 390 MW, mais précisé qu’ils devaient encore recevoir l’aval du MoD. “A chaque fois que c’est possible, nous essayons de travailler avec les promoteurs de parcs éoliens pour trouver un compromis acceptable par tous”, a expliqué à l’AFP une porte-parole du ministère, qui peut s’opposer à tout projet qui gênerait notamment ses radars. Entre janvier et juillet 2008, 17 projets de parcs éoliens ont fait l’objet d’un veto de la Défense tandis que 80 ont franchi l’obstacle avec succès. Sur l’ensemble de l’année 2007, il s’était opposé à 44 projets, s’attirant les critiques des industriels et des écologistes qui déploraient une opposition trop systématique. Le géant allemand de l’énergie E.ON, qui a produit en 2007 plus de 200 mégawatts d’énergie éolienne au Royaume-Uni, a décidé en avril de braver l’interdiction apposée par le MoD à son projet Humber Gateway (centre-est) : il a déposé une demande de permis de construire pour cette ferme qui devrait produire 300 MW, soit l’équivalent de la consommation de 195.000 foyers. La société a indiqué être “toujours en discussions” pour décrocher le feu vert à l’un des plus importants parcs éoliens britanniques en mer, tout en cherchant des solutions techniques pour éviter de gêner les opérations militaires, selon un porte-parole. L’enjeu de ce bras de fer est de taille car, en fonction du dénouement, il pourrait avoir valeur d’exemple pour les industriels et tester la volonté environnementale du gouvernement. Gouvernement et industriels ont convenu en juin de chercher des solutions techniques pour remédier au problème, tout en “s’assurant que les besoins de protection de l’espace aérien britannique et de la sécurité nationale ne soient pas compromis”. Le Royaume-Uni souhaite être le fer de lance au niveau international de la lutte contre le réchauffement climatique et montrer l’exemple en développant à domicile les énergies renouvelables. Son objectif est que 15% de l’énergie consommée dans le pays soit issue de ressources renouvelables d’ici 2020, contre 5% en 2007 et 4,5% en 2006. L’accent est mis sur l’éolien qui, pour la première fois l’an dernier, a devancé l’hydraulique en volume d’électricité produite. Le Premier ministre Gordon Brown a estimé en juin que quelque 100 milliards de livres (126,47 milliards d’euros) devront être investies pour atteindre cet objectif. Cela nécessiterait notamment la construction de 7.000 éoliennes (4.000 sur terre et 3.000 en mer). |
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