[13/08/2008 12:47:34] TOKYO (AFP)
Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a fléchi au deuxième trimestre, victime d’un déclin des exportations, d’une moindre consommation intérieure et d’un repli des investissements, un revers qui amplifie la menace de récession. Le PIB du Japon, le deuxième plus élevé du monde, a accusé une baisse de 0,6% au cours des mois d’avril à juin par rapport à la période de janvier à mars, soit une contraction de 2,4% en rythme annuel, selon les données publiées mercredi par le Bureau du gouvernement. Il s’agit du premier trimestre de décroissance en un an pour l’économie nippone, laquelle avait déjà traversé un passage à vide au printemps 2007. Le reflux constaté durant le deuxième trimestre de cette année est en partie le contre-coup du bond enregistré trois mois auparavant. Sur la période janvier-mars, le PIB japonais avait en effet crû de 0,8% par rapport au trimestre antérieur, selon les chiffres révisés. Toutefois, entre avril et juin, le Japon a moins produit de richesse, essentiellement à cause d’un affaiblissement des commandes en provenance des Etats-Unis et d’Europe, en proie à un ralentissement économique. Simultanément, les expéditions de pièces détachées et composants vers les pays producteurs de produits finis destinés à l’Occident ont également marqué le pas, sans que la clientèle des pays émergents suffise à combler le manque à gagner. Globalement, la valeur des biens et services exportés à l’étranger a décru de 2,3% au deuxième trimestre par rapport au premier. Sur le front intérieur, bien que les Japonais soient toujours des fanatiques du chalandage, “la fermeture éclair de leur porte-monnaie est coincée”, ironise un commerçant. La consommation des ménages nippons a décliné de 0,5% au deuxième trimestre, les émoluments stagnant alors que valsent les prix de l’essence et de la nourriture, renchéris par l’envolée des cours de l’énergie et des matières premières. “Même quand les revenus et bénéfices des entreprises augmentent, les salaires ne sont pas relevés”, a déploré devant la presse le Secrétaire d’Etat à la Politique budgétaire et économique, Kaoru Yosano, chargé d’imaginer des mesures d’urgence pour “rassurer les citoyens”. Quant aux entrepreneurs, surtout les plus petits d’entre eux, ils regardent leurs marges rapetisser, mangées par la hausse des coûts d’approvisionnement, ce qui limite leur capacité à investir, d’autant que les crédits sont moins faciles à obtenir en cette période de conjoncture maussade et de crise financière internationale non jugulée. Les investissements des entreprises ont dans l’ensemble diminué de 0,2% sur un trimestre. La contraction des commandes publiques, du fait de contraintes budgétaires, a aussi pesé négativement. Dans ce contexte, la Banque du Japon (BoJ), décisionnaire en matière de politique monétaire et chargée de veiller à la stabilité des prix, semble condamnée à l’immobilisme à court terme. “Il lui sera très difficile de relever ses taux, malgré l’inflation, car elle doit prendre en compte les risques de régression économique”, note Mamoru Yamazaki, économiste en chef de RBS Securities. Alors que les analystes estiment que le pays pourrait connaître la récession, soit deux trimestres consécutifs de déclin du PIB, le secrétaire d’Etat Yosano juge “plus juste de raisonner de façon optimiste”. “Même si l’évolution du PIB a été négative au deuxième trimestre, l’économie japonaise n’est pas si déprimée”, assure-t-il. “Ces données ne signifient pas que la décroissance va durer” ajoute M. Yosano, rappelant que les entreprises japonaises reposent désormais sur des structures assainies, ce qui n’était pas le cas lors de la récession de la fin des années 90. “La morosité actuelle de la conjoncture japonaise dépend beaucoup de l’environnement extérieur”, insiste-t-il. Le gouvernement prévoit toujours une croissance de 1,3% pour la période d’avril 2008 à mars 2009. |
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