Les grands magasins allemands enchaînent les déboires

 
 
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à Munich. (Photo : Joerg Koch)

[13/08/2008 12:42:06] BERLIN (AFP) Les grands magasins allemands cumulent les déboires ces derniers temps, de pertes en dépôts de bilan, preuve que le modèle du “tout sous le même toit” ne fait plus recette, dans un pays où la consommation est chroniquement en berne.

Coup sur coup, deux ex-filiales d’Arcandor (anciennement KarstadtQuelle) ont annoncé au début du mois leur dépôt de bilan. Hertie, marque centenaire qui avait tenté un comeback après avoir un temps disparu, ne peut plus être renflouée par son actionnaire, un fonds britannique.

SinnLeffers, chaîne de grands magasins textiles, s’est mise en faillite pour forcer une restructuration qui passera vraisemblablement par des fermetures de magasins et des suppressions d’emplois.

Pendant ce temps, les grands magasins Karstadt d’Arcandor ont inscrit au deuxième trimestre une nouvelle perte, victimes de “problèmes de gestion des coûts et des craintes sur l’inflation des consommateurs”, a annoncé le groupe mercredi. Le numéro un allemand de la distribution Metro veut quant à lui céder sa chaîne Kaufhof, pour laquelle les acheteurs ne semblent pas se bousculer au portillon pour le moment, et va fermer plusieurs de ses magasins de textile Adler.

Au grand magasin fourre-tout, les clients préfèrent maintenant le centre commercial avec ses boutiques spécialisés offrant un choix plus vaste, et concentré dans un même endroit, explique à l’AFP Marco Atzberger, de l’institut de recherche sur le commerce de détail EHI de Cologne (ouest).

Solution pour les grands magasins: “devenir quelqu’un qui fait de la place aux spécialistes”, louant l’espace à des “magasins dans le magasin” (shop-in-shop) et offrant simplement les services annexes, par exemple l’avantage non négligeable d’une caisse centralisée. Un virage qu’ont bien pris les acteurs japonais ou encore les français comme Galeries Lafayette, explique M. Atzberger, alors que les allemands “ont commencé trop tard” leur reconversion.

Autre problème, le milieu de gamme, créneau sur lequel les grands magasins sont traditionnellement positionnés, est soumis à rude épreuve en Allemagne.

Les 74 magasins Hertie par exemple, situés principalement dans des localités petites et moyennes, ne pouvaient ni concourir avec le segment du discount — Aldi, Lidl et consorts vendent maintenant de tout, à des prix imbattables, et les Allemands les adorent — ni sortir “par le haut” en se reconvertissant dans le luxe, le tissu social et le pouvoir d’achat de ces villes ne le permettant pas.

Pour le syndicat des services Verdi, “il y a un large segment au milieu, entre le pas cher et le luxe, dans lequel Hertie a sa place”. Mais les experts sont d’un autre avis. “Toutes les marques et les concepts milieu de segment ont des problèmes”, confirme M. Atzberger.

C’est le cas dans l’alimentaire, mais aussi dans le textile, où le milieu de gamme est victime du succès de discounters comme Kik d’un côté, et du luxe de l’autre, une évolution dont les difficultés de SinnLeffers sont emblématiques.

C’est aussi tout le problème de Karstadt, dont les magasins haut-de-gamme — l’Alsterhaus de Hambourg, le KaDeWe à Berlin –, s’en sortent plutôt bien, mais qui peine ailleurs.

Les ménages allemands sont en effet peu enclins à la dépense. Après des années de retenue salariale et de chômage élevé, ce sont, maintenant que les salaires augmentent et que le marché de l’emploi va mieux, les prix de l’énergie et les craintes de récession qui amputent leurs envies de faire des emplettes. Le dernier baromètre GfK, qui mesure le moral des consommateurs allemands, publié fin juillet, affichait un plus bas depuis cinq ans qui n’augure rien de bon pour les mois à venir.

 13/08/2008 12:42:06 – Â© 2008 AFP