DMC Tissus repris par un français et un pakistanais, 118 emplois préservés

 
 
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à Mulhouse (Photo : Frédérick Florin)

[13/08/2008 15:17:23] PARIS (AFP) Le tribunal de commerce de Paris a accepté mercredi le plan de reprise de DMC Tissus, filiale du groupe textile DMC, par le pakistanais Kohinoor et le français Bernard Krief Consulting, qui prévoit de préserver 118 emplois sur 209 en Alsace.

Les 91 autres salariés seront licenciés. Pénalisé notamment par une baisse de la demande de velours et la force de l’euro, DMC Tissus avait déjà supprimé 136 emplois cette année et fermé son usine de Logelbach (Haut-Rhin).

Fleuron bicentenaire du textile français, DMC (Dollfus Mieg et Cie), mondialement connu pour ses fils à broder, a été placé en redressement judiciaire le 5 mai, après quinze ans de restructurations qui ont fait fondre ses effectifs de 9.000 salariés en 1995 à environ un millier actuellement.

DMC Tissus est la deuxième filiale du groupe à être cédée, après les magasins Loisirs et Création, repris en juillet partiellement par un consortium mené par un fonds d’investissement de la banque Natixis qui garde 122 salariés sur 171.

La troisième filiale du groupe, DMC SA, spécialisée dans les fils, dispose pour sa part d’une période d’observation jusqu’au 5 novembre. Il s’agit de la seule filiale bénéficiaire du groupe.

Kohinoor et Bernard Krief ont été les seuls à déposer un plan de reprise de DMC Tissus après avoir travaillé séparément sur ce dossier dans un premier temps.

Les salariés seront tous regroupés à Saint-Amarin (Haut-Rhin), le seul site industriel de la société qui produit du velours et des tissus “sportswear”, distant d’environ 30 kilomètres de Illzach, où sont employées 27 personnes assurant des tâches administratives.

Le plan social doit être présenté aux syndicats le 21 août.

La société qui reprend les actifs, détenue à 51% par Bernard Krief et à 49% par Kohinoor, prévoit d’embaucher 3 personnes supplémentaires.

“On est content parce que ça permet de préserver un emploi pour 118 personnes mais on espère aussi que ce projet est pérenne, que ce n’est pas juste pour un ou deux ans”, a commenté Sylvie Gensbeitel, représentante CFTC du personnel.

La décision du tribunal interdit aux repreneurs de procéder à des licenciements économiques pendant deux ans.

“La baisse de demande du velours nous pénalisait grandement. On n’arrivait pas à faire tourner l’usine toute l’année. J’espère que si la demande remonte, cela permettra d’embaucher du personnel”, a souligné Mme Gensbeitel.

Interrogé à la sortie de l’audience, le vice-président de Bernard Krief Consulting, Claude de Pau, s’est déclaré “très content d’avoir une solution industrielle en France. C’est une bonne nouvelle pour la vallée (de la Thur, ndlr) qui a souffert depuis des années d’une dégénérescence du tissu industriel”.

DMC Tissus, “c’est une PME, la mode c’est une régate, on ne fait pas de mode avec un pétrolier”, a-t-il dit pour expliquer la réduction des effectifs.

L’alliance avec Kohinoor, qui assure depuis plusieurs années des fabrications pour le compte de DMC Tissus, “est un moyen de nous garantir un approvisionnement +low cost+ en zone dollar (…) parce qu’aujourd’hui, il est impensable avec la parité euro/dollar de vendre aux Etats-Unis, en Russie ou en Chine”, a-t-il noté.

“DMC a soutenu fortement cette solution”, a affirmé un porte-parole de DMC.

L’origine du groupe DMC remonte à 1746, lorsque l’artiste peintre Jean-Henri Dollfus s’allie à trois négociants pour créer à Mulhouse un atelier d'”indiennes”, toiles de coton imprimées des colonies qui font vite la “mode”.

 13/08/2008 15:17:23 – Â© 2008 AFP