La consommation américaine fléchit en juillet, mauvais signe pour la croissance

 
 
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éricain à Colma en California (Photo : Justin Sullivan)

[13/08/2008 16:35:43] WASHINGTON (AFP) La consommation des ménages a baissé en juillet pour la première fois en cinq mois aux Etats-Unis, envoyant un nouveau signal d’affaiblissement de la croissance alors que s’estompent les effets du plan de relance.

Les ventes de détail ont reculé de 0,1% par rapport à juin, ce qui marque la première baisse depuis février, et elles ont augmenté de 0,4% hors automobile, a indiqué mercredi le département du Commerce. Ce sont des évolutions qui avaient été à peu près anticipées par les analystes, mais les ont laissés sur leur faim.

“Ces statistiques montrent que les consommateurs restent extrêmement prudents et que, si les chèques de remise d’impôt peuvent aider, il ne faut pas s’attendre à de très bons chiffres pour la consommation au troisième trimestre”, a estimé l’économiste indépendant Joel Naroff.

La baisse de juillet s’explique essentiellement par la mauvaise performance du secteur automobile, qui a vu ses ventes reculer de 2,4%. Ailleurs, la hausse enregistrée est souvent à relativiser, soulignent les analystes.

Les stations essence ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 0,8%, mais c’est autant de pouvoir d’achat qui n’est pas dépensé ailleurs. Les ventes ont aussi progressé dans les secteurs touchés par la crise de l’immobilier (+1% pour les magasins d’ameublement, +0,8% pour ceux d’informatique et d’électroménager…) mais cela ne fait que compenser la forte baisse du mois précédent.

“Une tendance qui s’installe est que les prix élevés de l’essence semblent convaincre les consommateurs d’acheter sur internet pour économiser le coût d’un déplacement en voiture”, souligne M. Naroff.

Ces chiffres étaient très attendus par les analystes alors que l’effet des chèques de remises d’impôts envoyés dans le cadre du vaste plan de relance budgétaire commence à s’estomper.

“L’ensemble des chèques a été envoyé en juillet, et nous prévoyons de ce fait que les consommateurs vont ajuster leurs dépenses à la baisse dans les mois à venir. Le plan de relance budgétaire s’est avéré faible et temporaire”, a estimé Amine Tazi, de Natixis.

La consommation est un élément essentiel pour la vitalité économique car elle contribue traditionnellement pour deux tiers de la croissance. Depuis le début de la crise de l’immobilier cependant, les ménages se sont essoufflés et l’économie américaine a dû trouver un autre moteur, en l’occurence le commerce extérieur qui a maintenu l’économie à flot grâce au dollar faible.

La vigueur de la consommation est particulièrement importante en seconde partie d’année, alors que les commerçants comptent sur la rentrée des classes pour doper leurs ventes, puis sur la saison des fêtes qui leur permet de faire le gros de leur chiffre d’affaires.

“Pour le troisième trimestre, nous tablons sur une hausse des dépenses de consommation de l’ordre de 0,5%, en chiffres ajustés de l’inflation”, note Nigel Gault du cabinet Global Insight.

“Mais il y a un risque croissant de les voir carrément baisser, pour la première fois depuis la fin 1991”, dans le sillage de la récession qui avait alors plombé l’économie, ajoute-t-il.

Cela ravive les risques pour l’économie, qui doit toujours affronter une forte crise de l’immobilier et des turbulences financières durables.

“Il semble de plus en plus que le pic de la croissance a été atteint au deuxième trimestre, et qu’elle s’affaiblira au second semestre. Pour limiter l’ampleur du ralentissement, et notamment d’une baisse de l’activité au quatrième trimestre, la Fed va sans doute garder ses taux bas”, estime Paul Ferley, de la Banque Royale du Canada.

Selon lui, le taux directeur de la Réserve fédérale va rester à 2% jusqu’au milieu de l’année prochaine.

 13/08/2008 16:35:43 – Â© 2008 AFP