[14/08/2008 13:43:04] BRUXELLES (AFP) Les craintes d’une récession prennent de la consistance dans la zone euro, dont l’économie s’est contractée au deuxième trimestre pour la première fois de son histoire, sur fond de ralentissement mondial et de flambée des prix pétroliers et alimentaires. Selon une première estimation jeudi de l’Office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a reculé de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier. Le retour de bâton était attendu après la croissance inespérée de 0,7% enregistrée au premier trimestre. La performance est quand même la plus mauvaise jamais enregistrée dans la zone euro: depuis sa création en 1999, elle n’avait pas connu pire qu’une croissance nulle, au deuxième trimestre 2003. “La récession a commencé”, assène Marc Touati, économiste chez Global Equities. Aurelio Maccario, économiste chez Unicredit, estime plus prudemment que “le tampon qui sépare l’économie d’une vraie récession a été largement épuisé” et se demande “si nous avons vu le pire ou si les indicateurs vont continuer de reculer”. Une récession se définit par deux trimestres consécutifs de recul du PIB. Ce n’est pas encore le cas dans la zone euro, qui n’y a d’ailleurs jamais été confrontée, contrairement à certains de ses Etats membres. “Toute personne qui crierait au loup à la récession aurait un trimestre d’avance”, a réagi la ministre française de l’économie, Christine Lagarde, alors que le PIB français a reculé de 0,3% après une croissance de 0,4% au premier trimestre, la plus mauvaise surprise de la journée en Europe. D’autres grandes économies européennes sont dans le rouge au deuxième trimestre: le PIB de l’Allemagne a reculé de 0,5% et celui de l’Italie de 0,3%. Le ralentissement est manifeste aussi dans d’autres pays: la croissance est nulle au Pays-Bas, maigrichonne (+0,1%) en Espagne. Alors l’Europe est-elle au bord de la récession? “A ce stade, ce serait exagéré de prononcer ce mot”, juge Amelia Torres, porte-parole de la Commission européenne pour les affaires économiques. Elle reconnaît tout de même que “les signes sont plutôt négatifs” et qu’en particulier “les indicateurs de confiance ne laissent pas augurer du futur avec un grand optimisme”. La Commission appelle à considérer le premier semestre dans son ensemble, rappelant que la croissance avait été dopée au premier trimestre par une activité plus soutenue que la normale dans le secteur du bâtiment, qui avait bénéficié d’un hiver relativement doux, et qu’une correction était inévitable. Mais des économistes pointent d’autres données inquiétantes, notamment du côté de la consommation des ménages rendus méfiants par les fortes augmentations ces derniers mois des prix de l’énergie et de l’alimentation. L’inflation en zone euro a été revue en baisse pour le mois de juillet à 4% sur un an, comme en juin, ce qui reste le taux le plus élevé enregistré depuis la création de la zone euro. Le pic pourrait avoir été atteint, ce qui n’est pas forcément une si bonne nouvelle, mais “un signe supplémentaire que le ralentissement de la croissance fait automatiquement baisser l’inflation”, prévient Aurelio Maccario. Pour Sunil Kapadia, économiste chez UBS, la probabilité d’une récession en zone euro au deuxième et troisième trimestre “a sans doute augmenté pour dépasser 50%”. Les espoirs reposent maintenant sur le pétrole, dont le prix a nettement baissé depuis début juillet, et l’euro qui est repassé sous 1,50 dollar. Si ces tendances se maintiennent, l’économie européenne profitera d’un répit, espèrent les plus optimistes. |
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