[15/08/2008 08:35:43] BUENOS AIRES (AFP)
L’inquiétude sur le front économique grandit en Argentine avant 2009, quand le pays aura d’importants besoins de financement, certains économistes n’hésitant pas à évoquer un possible défaut de paiement, après celui de 2001, le plus important de l’histoire financière contemporaine. Cette éventualité est désormais ouvertement discutée à Washington ou à New York dans les rapports de certaines banques d’affaires ou de cabinets de consultants. “Les marchés se préparent à un défaut” de paiement, assure cette semaine dans Latin Business Chronicle, un site internet spécialisé dans l’analyse économique latino-américaine, Walter Molano, chef du service des études de la banque d’affaires américaine BCP Securities. Et de rappeler la forte baisse enregistrée la semaine dernière par les bons du Trésor argentin, qui ont perdu plus de 11%, contraignant le gouvernement à annoncer sa volonté de racheter des titres de la dette dans l’espoir de calmer les marchés. Ces derniers sont toutefois restés nerveux, et la décision du gouvernement n’a pas dissipé les inquiétudes.
L’agence de notations financières Moodys a annoncé jeudi avoir réduit ses perspectives sur la dette argentine de “positives” à “stables” en raison de l’incertitude entourant l’inflation, dans la foulée d’une décision identique prise par Standard and Poors. “Le manque de crédibilité dans les chiffres officiels de l’inflation augmente les doutes sur la capacité et la volonté du gouvernement de payer ses dettes”, a indiqué Moodys dans un communiqué. Le chiffre officiel de l’inflation, sous la barre des 10%, est remis en cause depuis des mois par la plupart des économistes qui l’estiment plus proche de 25%. Cette perte de confiance dans cet indice officiel vaut au gouvernement des critiques de plus en plus vives, y compris dans son propre camp. “Le gouvernement a perdu confiance et crédibilité”, a expliqué à l’AFP, Aldo Abram, directeur du Centre de recherches institutions et marchés (Ciima) à Buenos Aires. L’Argentine, qui n’a toujours pas rétabli sa position financière sur les marchés internationaux depuis le gigantesque défaut de paiement de 2001 (sur une dette de 81,8 milliards de dollars), a repris le paiement de sa dette en 2005 grâce à son excédent fiscal primaire, qui dépasse les 3% du produit intérieur brut (PIB) et en cédant des titres sur le marché local ou au Venezuela. Caracas a acquis un milliard de dollars de bons du Trésor argentin il y a dix jours, mais à un taux de 15% jugé très élevé par le marché. Ce dernier s’inquiète surtout des échéances à venir en 2009, évaluées par le ministère de l’Economie à plus de 20 milliards de dollars, dont seuls 11,8 milliards de dollars sont couverts par l’excédent primaire. D’où la menace d’un défaut de paiement agité par les marchés. Plusieurs économistes interrogés en Argentine estiment toutefois ces craintes excessives. En cas de difficulté de financement, il est probable que le gouvernement ait recours aux réserves de la Banque centrale, qui atteignent les 40 milliards de dollars, estime ainsi M. Abram. “Historiquement, cela a toujours été ainsi”, a-t-il souligné, au risque, ajoute-t-il, d’aggraver la crise de confiance, y compris envers le peso, la monnaie nationale. Pour l’économiste Orlando Ferreres, interrogé jeudi par la presse argentine, ces craintes sont “exagérées”. Les échéances 2009 et 2010, ces dernières équivalant à celles de 2009, sont “plus lourdes”, a toutefois reconnu début août le secrétaire argentin aux Finances, Hernan Lorenzino, en ajoutant aussitôt que l’Argentine pourrait honorer ses dettes “sans problème”. Le ministère de l’Economie a ainsi fait valoir la semaine dernière que l’Argentine avait récemment remboursé 2,345 milliards de dollars de dette, “transmettant de cette manière un message de tranquillité aux porteurs de titres”. |
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