Pour les Etats-Unis, l’arme économique contre la Russie a ses limites

 
 
photo_1218874703653-1-1.jpg
ésident américain George W. Bush à Washington le 15 août 2008 (Photo : Yuri Gripas)

[16/08/2008 08:22:30] WASHINGTON (AFP) L’idée d’employer l’arme économique pour sanctionner la Russie après ses opérations militaires en Géorgie se heurte à des limites pour les Etats-Unis, rendant la menace peu efficace, selon des experts.

Le candidat républicain à la présidence John McCain a beau réclamer des sanctions, il paraît difficile d’en imposer à un membre du Conseil de sécurité de l’ONU avec lequel les Etats-Unis négocient sur l’Iran.

“Il est improbable que les Etats-Unis imposent à la Russie l’une des sanctions habituelles parfois dictées aux voyous internationaux”, estime Stephen Sestanovich, expert de la Russie au Council on Foreign Relations à Washington.

Mercredi, le président américain George W. Bush a prévenu Moscou que son soutien à l’entrée de la Russie “dans les structures diplomatiques, politiques, économiques et sécuritaires du XXIe siècle” était “menacé” par ses agissements en Géorgie.

La Russie n’est pas membre d’institutions comme le G7, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Otan.

Mais la menace de ne pouvoir accéder à l’OMC a perdu beaucoup de son poids après l’échec retentissant des récentes négociations sur le cycle de Doha.

L’idée de sanctions se heurte à de sérieux obstacles, selon Blake Marshall, vice-président de PBN Company, une société d’expertise stratégique sur la Russie et les Etats de l’ancienne URSS, interrogé par l’AFP.

“Dans une économie mondialisée, il faut avoir un accord uniforme à travers le globe pour voir des sanctions atteindre vraiment leur but. C’est un objectif très difficile”, rappelle-t-il.

De plus, selon lui “l’expérience montre que les sanctions unilatérales non seulement ne marchent pas, mais ont plutôt pour effet de punir les entreprises américaines”.

Une autre limite tient à la nature des rapports commerciaux entre la première et la onzième économie mondiale, reposant principalement sur les ressources naturelles.

“L’essentiel de l’économie russe, c’est le pétrole. Nous avons essayé aux Etats-Unis de réduire notre dépendance au pétrole, mais nous n’avons pas réussi et nous ne pourrions pas mettre fin aux importations de pétrole russe”, souligne Nina Hachigian, de l’institut American Progress.

Dans l’ensemble, la Russie n’a été que le 20e exportateur vers les Etats-Unis et le 30e importateur de biens américains en 2007. Elle représentait seulement 1,4% du commerce extérieur américain en juin 2008, contre 11,2% pour la Chine et 19% pour l’Union européenne.

Selon Mme Hachigian, “les sanctions sont vraiment une mauvaise manière d’aborder le problème, parce qu’il est difficile de penser que les alliés européens des Etats-Unis donnent leur accord, eux qui sont encore plus dépendants du pétrole et du gaz russe”.

Elle suggère plutôt d'”imposer des sanctions aux dirigeants eux-mêmes, ce que font les Etats-Unis à d’autres pays, comme le Soudan ou la Corée du Nord”.

L’opposant Garry Kasparov, dans une tribune au Wall Street Journal vendredi, a également évoqué cette possibilité en affirmant que “la coterie qui règne au Kremlin a des intérêts vitaux, à savoir des actifs, à l’étranger et (que) ces intérêts sont vulnérables”.

 16/08/2008 08:22:30 – Â© 2008 AFP