[19/08/2008 11:39:08] TOKYO (AFP) Le robot qui fera bientôt couler votre bain chaque soir ne sera pas un monstre froid, mais un être câlin à peau douce et sensible à la température, grâce au génie de chercheurs japonais. Une équipe de recherche de l’Université de Tokyo, qui veut rendre les objets électroniques plus agréables à vivre, a confectionné un nouveau matériau élastique qui, selon le directeur des travaux, Takao Soneya, est le premier à être à la fois souple et excellent transporteur de courant électrique. Cette nouvelle matière est flexible, extensible à plus du double de ses dimensions nominales, mais 570 fois plus conductrice que du caoutchouc, à condition de ne pas trop tirer dessus. En théorie, ces propriétés lui ouvrent un vaste champ d’applications, à commencer par la peau de robots destinés à partager le quotidien des humains. “Les êtres cybernétiques, nouveaux compagnons de l’homme, doivent en effet être bardés de composants électroniques pour pouvoir jauger la température, la pression et autres facteurs contextuels, afin de vivre harmonieusement avec la gent humaine”, explique Tsuyoshi Sekitani, un des membres de l’équipe universitaire. Des androïdes insensibles seraient assurément de dangereux congénères. Le silicone ou d’autres polymères déjà employés pour simuler l’épiderme humain sont extrêmement malléables, mais inadaptés à l’électronique rapide. Quant aux métaux parfaits conducteurs, nul n’y songe, car nul ne rêve de caresser une telle peau. Le matériau conçu par les spécialistes des nanotechnologies japonais est basé sur des nanotubes de carbone –un état du carbone découvert par des Japonais il y a près de vingt ans– accommodés avec un liquide ionique pour pouvoir être mélangés à de la gomme. Les nanotubes de carbone ont pour particularité une grande mobilité électronique, contrairement à des éléments organiques déjà employés comme transistors élémentaires répandus sur divers types de substrat. Outre l’enveloppe des robots, le nouveau matériau créé par l’université de Tokyo, prétendument peu onéreux à fabriquer, pourrait par exemple enrober la surface d’un volant de voiture pour analyser divers paramètres et évaluer si le conducteur est réellement en état physique de rouler. On peut aussi imaginer un matelas recouvert de cette matière conductrice pour analyser les postures de sommeil et identifier les raisons de diverses pathologies ou prévenir leur apparition. Cet élastomère pourrait également être utilisé dans la confection de vêtements de sport et tenues professionnelles exigeant la mesure de paramètres physiologiques. La fabrication d’écrans souples basés sur cette matière n’est pas non plus utopique, selon M. Sekitani, scientifique qui considère que “les objets électroniques doivent être agréables au toucher”. Plusieurs années de travail seront encore nécessaires avant une utilisation industrielle de ce polymère élastique conducteur à base de nanotubes de carbone. D’autant que ces derniers, par nature très rigides et déjà employés dans divers secteurs, font actuellement l’objet d’études de toxicité envers l’environnement et l’homme. |
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