Venezuela : l’Etat détient 90% de l’industrie du ciment nationale après des cessions

 
 
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énergie et du pétrole du Venezuela Rafael Ramirez (c) entre dans la cimenterie Cemex d’Anzuategui, le 19 août 2008 (Photo : Juan Carlos Hernandez)

[19/08/2008 18:28:04] CARACAS (AFP) L’Etat du Venezuela sera détenteur de 90% de l’industrie du ciment du pays avec la signature par le président Hugo Chavez, mardi, du décret d’expropriation du groupe mexicain Cemex et l’accord de cession conclu la veille avec le français Lafarge et le suisse Holcim.

“Dès à présent, le décret d’expropriation est activé et la stabilité des activités est garantie aux ouvriers par l’Etat vénézuélien. (…) Au-delà des intérêts commerciaux, désormais l’intérêt des Vénézuéliens prévaut”, a déclaré le ministre de l’Energie et du Pétrole Rafael Ramirez lundi soir.

Le gouvernement vénézuélien venait de parvenir à un accord pour la nationalisation des filiales locales du cimentier français Lafarge et du suisse Holcim mais n’avait pu se mettre d’accord sur les termes de l’expropriation avec le mexicain Cemex.

Les responsables de Cemex “demandent un prix très élevé par rapport à la valeur réelle”, a-t-il affirmé. “Ils demandaient 1,2 milliard de dollars”, a-t-il précisé.

Selon M. Ramirez, l’Etat vénézuélien est dès lors “proche des 90% du contrôle du marché du ciment” national.

A partir de mardi, dès la signature du décret d’expropriation par le président Hugo Chavez, un groupe d’experts devra évaluer l’entreprise mexicaine et si un accord n’était toujours pas conclu dans 60 jours, un arbitrage judiciaire sera alors requis.

“Je crois qu’il y a encore une marge de négociation possible. Je ne crois pas que nous en soyons à un point de non retour. Ca ne convient pas à Cemex”, a déclaré mardi Asdrubal Oliveros, responsable et analyste de l’entreprise Ecoanalítica.

Cemex de son côté s’est borné mardi à informer la Bourse mexicaine de la prise de contrôle par le Venezuela de ses filiales. La firme mexicaine a reconnu que les discussions avaient échoué mais n’a souhaité faire aucun commentaire.

Début avril, Caracas avait annoncé qu’il entendait prendre le contrôle d’au moins 60% des filiales de Cemex, Lafarge et Holcim, après avoir fait de même dans le secteur pétrolier, la sidérurgie et l’électricité.

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à Caracas au Venezuela d’un accord de nationalisation des filiales de cimentiers étrangers. (Photo : Juan Barreto)

Un accord avec les cimentiers devait être trouvé avant lundi sous peine d’expropriation autoritaire. La prise de contrôle des filiales des trois groupes a pris effet à minuit lundi.

Selon l’accord, annoncé lundi soir, l’Etat vénézuélien versera 267 millions de dollars (176 millions d’euros) à Lafarge pour acquérir 89% de sa filiale, le français conservant 5%. Le solde, soit 6%, reste en Bourse.

Holcim, pour sa part, cèdera 85% de sa filiale pour 552 millions de dollars et en conservera 15%.

“Les prix que le gouvernement paie sont ce que nous avions estimé. Le cas Cemex est plus compliqué, mais les chiffres que nous manipulons dans son cas sont aussi proches de l’offre du gouvernement”, a souligné l’expert Asdrubal Oliveros.

Selon lui, le défaut d’accord avec Cemex est lié au fait que l’entreprise mexicaine possède une proportion élevée d’actions cotées à la Bourse du Venezuela, “ce qui implique peut-être qu’elle devrait passer par une offre publique d’achat” (OPA).

En outre, l’Etat vénézuélien “fut très ennuyé” après la récente vente par Cemex dernièrement d’actifs qui se situaient hors du pays mais qui étaient au nom de Cemex-Venezuela. Enfin, des conflits environnementaux et sociaux existants ont beaucoup “distendu” les négociations.

Dans le cas des cimenteries suisse et françaises, les réunions qui ont eu lieu ces derniers mois avec le gouvernement vénézuélien ont été menées de façon satisfaisantes. Selon Maximo Dolman, directeur de Lafarge au Venezuela, l’accord n’entamera pas la qualité du service rendu au Venezuela “pour plus de cent ans”.

“Nous travaillerons en équipe avec le gouvernement vénézuélien pour que la croissance du marché de la construction se poursuive”, a-t-il affirmé.

Pour José Guerra, ex-responsable des enquêtes économiques au sein de la banque centrale, cette nouvelle nationalisation confirme la “tendance générale de l’étatisation de l’économie” vénézuélienne.

 19/08/2008 18:28:04 – Â© 2008 AFP