[19/08/2008 21:26:28] NEW YORK (AFP) La banque d’affaires américaine Lehman Brothers était de nouveau au coeur des préoccupations de la communauté financière mardi, faisant l’objet d’un nombre croissant de spéculations sur ses difficultés et les moyens d’y remédier. La désormais plus petite banque d’affaires de Wall Street – depuis que Bear Stearns a été rachetée pour une bouchée de pain par JPMorgan en mars – serait pressée de boucler des cessions avant la fin du trimestre, qui clôture à la fin du mois, et qui s’annonce désastreux. Cet empressement était vu comme le prix de la survie par le marché et a fait s’effondrer l’action à la Bourse de New York: -13,04% à 13,07 dollars en clôture. La valeur de l’action a été divisée par plus de quatre depuis le début de l’année. Dans une note mardi, les analystes de JPMorgan ont averti que Lehman Brothers pourrait déprécier 4 milliards de dollars supplémentaires, s’ajoutant aux 17 milliards déjà réalisés depuis 2007, et accuser une perte trois fois plus importante que prévu par le marché. Une estimation qui s’ajoute aux prévisions alarmistes ayant circulé la veille sur le marché, avec une perte trimestrielle attendue de 1,8 milliard de dollars. Si ces chiffres sont avérés, il s’agirait du deuxième trimestre consécutif de pertes pour la banque qui a toujours été dans le vert depuis son introduction en Bourse en 1994. “Nous pensons que la direction va vouloir mettre ses difficultés dans les placements hypothécaires derrière elle et restaurer la confiance, et le meilleur moyen de le faire est de réduire son exposition aux produits adossés à des créances à risques”, selon les analystes de JPMorgan. Sous la pression de ces résultats, Lehman a pris contact avec plusieurs fonds, dont Blackstone et Carlyle, pour leur proposer de racheter des actifs dans la banque d’investissement, dont la rentable enseigne Neuberger Berman acquise par la banque en 2003, ont rapporté mardi des médias américains. Selon la chaîne CNBC, Lehman serait prêt à céder jusqu’à 70% de son activité de banque d’investissement, pour en garder un contrôle à 30%. Lehman cherchait aussi à vendre son portefeuille d’actifs et de titres dans l’immobilier commercial, d’une valeur de 40 milliards de dollars, selon la presse des derniers jours. Une vente de tout ou partie de Neuberger serait “une mauvaise nouvelle”, ont souligné les analystes de Briefing.com dans une note. “Il y a encore deux semaines, plusieurs analystes pensaient qu’une telle transaction ne serait pas nécessaire”, rappellent-ils, “car les niveaux de liquidités de la banque étaient jugés suffisants pour absorber les pertes”. En outre, la banque “a besoin des revenus de Neuberger pour s’attirer les grâces des agences de notations et des créanciers”, ajoute-t-on de même source. Selon des estimations de marché, les actifs que veut céder Lehman dans la banque d’investissement représentent entre 8 milliards et 10 milliards de dollars. Un montant voisin de la capitalisation Lehman mardi, autour des 9,5 milliards de dollars, rappelant au marché que la banque new-yorkaise peut aussi être une proie facile pour un acquéreur. Les inquiétudes sur Lehman sont récurrentes depuis le rachat en urgence au printemps de Bear Stearns, pour lui éviter la faillite. Tout comme Bear Stearns, Lehman Brothers est un acteur important sur le marché hypothécaire, et a donc été très exposé aux produits adossés à des crédits immobiliers hypothécaires à risques “subprime”. Environ “70% de l’activité de Lehman repose sur les opérations à taux fixes, surtout le secteur hypothécaire”, rappelait récemment Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets. Ces activités sont totalement gelées actuellement, ce qui alimente “des inquiétudes sur le modèle économique du groupe lui-même”, selon cet analyste. La direction de Lehman avait tenté de rassurer en juin, indiquant avoir pris les mesures nécessaires, entre des dépréciations, 6 milliards de dollars d’augmentation de capital et le limogeage de deux hauts responsables, dont la directrice financière Erin Callan. |
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