La finance américaine s’enlise dans la crise

 
 
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à San Francisco. (Photo : Justin Sullivan)

[20/08/2008 16:40:33] NEW YORK (AFP) Plus d’un an après l’éclatement de la crise des “subprime”, le secteur financier américain s’est remis à trembler ces derniers jours, dans un nouvel épisode de faiblesse retardant davantage une sortie du tunnel, selon les observateurs.

“On ne sait pas quand la crise sera terminée. Il y a encore beaucoup de problèmes dans le système financier”, affirme Gregori Volokhine de Meeschaert Capital Markets, ajoutant que “2009 n’est pas le pire des scénarios”.

Alors que la planète financière avait commencé à espérer que le pire de la crise financière était passé, les nuages sont revenus couvrir l’horizon des groupes financiers américains cette semaine.

Dépréciations et ventes d’actifs supplémentaires, nécessité de lever de l’argent frais et lourdes pertes prévues lors des trimestres à venir, tel devrait être le quotidien du secteur dans les mois à venir, annoncent les analystes.

La prestigieuse banque d’affaires Goldman Sachs a considérablement abaissé mardi ses estimations de résultats pour 2008 pour les fleurons de la finance américaine que sont Lehman Brothers, Citigroup, Merrill Lynch, Morgan Stanley et JPMorgan.

Le retour à la stabilité n’est pas attendu avant au moins un an, pronostique de son côté l’agence de notation financière Standard & Poor’s.

Le secteur financier américain a déjà perdu plus de 300 milliards de dollars depuis le début de la crise en 2007, selon les sources de marché.

La valeur de l’indice bancaire de la Bourse de New York a été divisée par plus de deux en un an. L’action de la banque d’affaires Lehman Brothers, considérée comme la plus affaiblie, vaut désormais moins du quart de sa valeur comparé à août 2007.

Les deux géants du refinancement hypothécaire en Fannie Mae et Freddie Mac, malmenés par la chute des prix de l’immobilier et les défauts de paiements des ménages, ne valent quasiment plus rien en Bourse. Leur salut n’est désormais lié, selon les analystes, qu’à une possible nationalisation de plus en plus évoquée par la presse et les marchés.

Plus alarmiste, Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), affirme que la crise financière devrait provoquer la faillite d’une autre grosse banque américaine dans les prochains mois après Bear Stearns en mars.

“Les Etats-Unis n’ont pas encore touché le fond de la crise. Le secteur financier a besoin de se consolider. Je ne pense pas que seules les petites et moyennes banques vont fermer les portes. Nous verrons aussi une grosse banque, l’une des banques d’investissement, s’écrouler”, a-t-il déclaré au cours d’une conférence à Singapour, rapportent les analystes.

D’autant que la crise financière n’a pas encore dévoilé tous ses visages.

Circonscrite au départ aux crédits immobiliers accordés généreusement aux ménages fragiles ou “subprime”, la crise financière est désormais nourrie par la détérioration des remboursements des dettes contractées par des personnes solvables, soulignent les analystes.

Pis, elle devrait s’étendre à la détérioration des crédits accordés aux particuliers: emprunts de cartes de crédit, emprunts sur les locations de voiture et tout ce qui a trait à la grande consommation, avertit Marc Pado, de la Cantor Fitzgerald. “La crainte est qu’on passe d’une crise liée au départ à l’immobilier à une crise liée à la consommation”, relève-t-il.

En outre, si la banque centrale (Fed) avait permis à la finance d’éviter la catastrophe à l’automne 2007 en baissant ses taux d’intérêt, l’instiution a cette fois-ci les mains liées par le bond historique de l’inflation, font observer les analystes.

Baisser ses taux et courir le risque de favoriser l’inflation ou les relever et être accusée d’enfoncer l’économie ? tel est le dilemme de la Fed.

“La meilleure chose chose que la Fed puisse faire dans l’immédiat c’est de racheter les mauvaises dettes des banques”, estime M. Pado.

 20/08/2008 16:40:33 – Â© 2008 AFP