[21/08/2008 11:13:34] PARIS (AFP) La déduction d’une partie des intérêts d’emprunts immobiliers pour les résidences principales, contenue dans le “paquet fiscal” adopté il y a un an, a eu des effets limités sur le secteur du logement, estiment les professionnels interrogés par l’AFP. “L’effet attendu par cette mesure a été très fortement réduit par la dégradation des conditions d’emprunt – les taux d’intérêt ont augmenté de 1% en un an – et par la difficulté actuelle d’accès au crédit immobilier du fait de la politique des banques”, souligne Henry Buzy-Cazaux, le délégué général de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier). Pour Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université de Paris X-Nanterre, “dans la situation actuelle, c’est plus une bouée de sauvetage qu’un dispositif d’incitation”. “En 2008 on va seulement construire entre 360.000 et 370.000 logements, bien en dessous des 420.000 de 2007, et on s’éloigne des 500.000 logements par an – dont 120.000 sociaux – promis par la ministre du Logement Christine Boutin”, déplore M. Buzy-Cazaux. Applicable depuis le 6 mai 2007 – date de l’élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy – ce crédit d’impôt a profité, sur les avis d’imposition 2008 pour les revenus de 2007, à près de 320.000 foyers fiscaux, selon le ministère de l’Economie. Le coût total pour l’Etat serait cette année compris entre 250 et 300 millions d’euros, selon M. Mouillart. Cela a permis “de soutenir le marché immobilier”, a affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, lors du compte-rendu du conseil des ministres. En 2009, première année pleine de son application, 750.000 ménages (220.000 dans le neuf, 530.000 dans l’ancien) devraient, selon M. Mouillart, en bénéficier pour un montant total de 1,150 milliard. Bercy reconnaît que “la montée en puissance de cette mesure pourrait être ralentie du fait de la conjoncture immobilière, mais elle intervient au meilleur moment pour soutenir la construction et aider ceux qui le souhaitent à acquérir leur résidence principale”. Le crédit d’impôt est égal à 40% des intérêts d’emprunt payés la première année de remboursement, à 20% les quatre années suivantes. Il est plafonné à 3.750 euros pour une personne seule, 7.500 euros pour un couple majoré de 500 euros par personne à charge. “Dans la perception des clients, il y a un trop grand décalage entre l’achat et cette mesure dont ils ne commencent à voir les effets financiers qu’à partir de 18 mois après le passage chez le notaire”, déplore Bernard Cadeau, président du réseau d’agences immobilières Orpi. Autre inconvénient: les établissements financiers “n’intégrent pas dans leurs calculs pour les prêts immobiliers les économies, parfois importantes, réalisées grâce à ces déductions futures”, ajoute-t-il. Plutôt que cette déduction, le président d’Orpi suggère – à dépenses égales pour l’Etat – d’imposer “une diminution des frais de mutation, souvent improprement appelés +frais de notaire+, car les acheteurs en verraient les effets immédiats”. “Malheureusement le crédit d’impôt, qui fait partie d’un saupoudrage fiscal, a été absorbé par l’augmentation des prix pratiqués par les vendeurs”, regrette pour sa part Pierre Taboret, directeur général adjoint de CAFPI, le premier courtier de crédit immobilier en France. Aussi M. Taboret souhaite plutôt que “le gouvernement favorise l’accession à la propriété des plus démunis plutôt que ceux qui ont déjà des moyens financiers et peuvent donc déduire une partie de leurs intérêts d’emprunts de leurs impôts”. |
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