[21/08/2008 11:35:46] PARIS (AFP) Les Français boudent les fruits et légumes qu’ils trouvent trop chers, aggravant la crise d’une filière où les producteurs peinent à s’organiser face à une grande distribution toute puissante. “Les Français ont la perception que les fruits et légumes sont chers. C’est même désormais comme un fait établi”, estime-t-on au ministère de l’Agriculture. Or “cette perception ne correspond pas à une réalité objective lorsque l’on examine le prix d’un produit de saison”. “Le consommateur manque de repère et lorsqu’il habite dans les villes, il perd souvent la notion de saisonnalité”, ajoute-t-on. L’an dernier, une enquête du Credoc relevait qu’un quart des Français n’achetaient pas de fruits tant ils trouvaient leurs prix élevés. Une impression corroborée par les derniers indicateurs de l’Insee: en un an, les prix des fruits et légumes ont flambé respectivement de 18% et de 11%. L’association Familles Rurales va dans le même sens. Dans une récente enquête, elle a calculé que le budget fruits et légumes mensuel d’une famille avec deux enfants âgés de plus de 10 ans s’élevait cet été à 131 euros, soit 12,6% du Smic. Des chiffres contestés par Interfel, l’interprofession du secteur qui récuse ce mode de calcul tant les prix sont “volatils” d’une semaine sur l’autre, d’une production à l’autre. L’organisme en veut pour preuve les prix des melons, courgettes, ou encore laitues et tomates qui ont dégringolé ces dernières semaines, à des prix inférieurs à ceux de l’an dernier et à la moyenne de ces trois dernières années. Reste que la consommation de produits frais est en baisse constante. Le budget fruits et légumes a chuté à 15% en 2005 contre 18,2% en 1960, selon le Credoc. La génération dite “internet”, née entre 1977 et 1986, consomme quatre fois moins de fruits frais que ses aînés, nés quarante ans plus tôt. A 20 ans, ils ne dépensent que 100 euros par an en fruits frais. A contre-courant de la politique de santé publique qui prône la consommation de cinq fruits et légumes par jour. Face à cette atonie du marché, le secteur peine à réagir. Les producteurs se trouvent dans une position difficile face à la grande distribution, qui concentre à elle seule 74% du chiffre d’affaires de la filière fruits et légumes. C’est ce qu’avait souligné en mai le Conseil de la concurrence qui, sollicité par le gouvernement, s’était prononçé en faveur d’une nouvelle organisation des producteurs. “Il faut que les producteurs travaillent de manière coordonnée”, explique-t-on au ministère de l’Agriculture. “Tant que la production ne se sera pas structurée et n’aura pas défini des stratégies au niveau national, elle connaîtra des problèmes de concurrence entre bassins de production, voire entre producteurs au sein d’un même bassin”. Jerôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), se dit “favorable” à l’organisation des producteurs. Il représente la quasi-totalité des centrales d’achat. Répondant aux critiques récurrentes sur les marges réalisées par la distribution, M. Bédier souhaite “la transparence” et la mise en place d’un observatoire des prix. “Nous préférons parler de vrais chiffres que des impressions selon lesquelles les distributeurs s’en mettent plein les poches”, ajoute-t-il dans un entretien à l’AFP. Pour l’heure, la filière pare au plus pressé en cette période de surproduction et de chute des cours. Des ventes au déballage de légumes et fruits d’été ont été autorisées lors des trois prochains week-end, afin d’écouler les stocks. |
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