L’économie britannique officiellement au bord de la récession

 
 
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à la banque Northern Rock, alors en situation de quasi faillite (Photo : Ben Stansall)

[22/08/2008 12:25:41] LONDRES (AFP) C’est désormais officiel: après une période exceptionnellement longue d’expansion ininterrompue, l’économie britannique est entrée en stagnation au deuxième trimestre, et semble plus que jamais promise à une récession qui menace également les pays de la zone euro.

L’ONS, équivalent britannique de l’Insee, qui avait estimé le mois dernier la croissance du deuxième trimestre à un déjà bien maigre 0,2%, a ramené ce chiffre à zéro dans sa deuxième estimation, alors que les économistes ne prévoyaient pas de changement. Les chiffres définitifs ne seront connus que fin septembre.

Le taux révisé à 0% est le plus faible enregistré depuis le deuxième trimestre 1992, a précisé l’ONS. Il marque un fort ralentissement par rapport au premier trimestre, où la croissance était encore de 0,3% en rythme trimestriel, et à l’an dernier où elle se situait entre 0,6 et 0,9%.

Cette entrée dans une phase de “stagflation” (stagnation du PIB couplée à une forte inflation) signe la fin d’une période exceptionnelle de 63 trimestres (soit presque 16 ans) de progression ininterrompue du PIB britannique, et donne un avant-goût, selon les économistes, de la prochaine entrée en récession à laquelle elle est désormais condamnée, victime de la double crise du crédit et de l’immobilier.

“Avec une croissance à l’arrêt au deuxième trimestre et des indicateurs avancés qui sont tous dans le rouge, l’économie britannique semble condamnée à une récession technique”, c’est-à-dire deux trimestres de contraction du PIB, au deuxième semestre, a résumé Jonathan Loynes, chef économiste du cabinet Capital Economics, une prédiction partagée par son confrère Peter Newland de Lehman Brothers.

Le gouvernement travailliste, qui bat déjà des records d’impopularité, s’est retranché derrière la conjoncture internationale.

“Le Royaume-Uni, comme les autres économies, subit les conséquences des prix mondialement élevés des matières premières, et des incertitudes sur le marché du crédit”, a déclaré un porte-parole du Trésor (ministère des Finances).

S’il est vrai que la plupart des pays voisins, comme la France, l’Allemagne et l’Irlande sont également au bord de la récession, cette nouvelle n’en est pas moins un nouveau coup dur personnel pour le Premier ministre Gordon Brown.

Le chef du gouvernement, qui s’était attribué les mérites de la croissance élevée du temps où il était chancelier (de 1997 à 2007), est désormais pressé de toutes parts, y compris au sein de son propre camp, de prendre des mesures d’urgence pour aider financièrement les ménages et relancer le marché immobilier.

Mais, comme ses voisins français ou irlandais, il n’a guère de marge de manoeuvre, et doit composer avec un déficit public qui grimpe en flèche.

Seule lueur d’espoir, le coup d’arrêt brutal de la croissance a augmenté les chances d’une baisse des taux d’intérêts de la Banque d’Angleterre (Bank of England, BoE) avant la fin de l’année.

La BoE a maintenu son taux directeur à 5% depuis avril malgré la multiplication des signes de dégradation de la conjoncture, en raison d’une envolée de l’inflation, qui a atteint 4,4% en juillet, au plus haut depuis 16 ans, alors que la banque centrale britannique est censée la contenir à 2% maximum.

Mais avec le ralentissement plus fort que prévu de l’activité économique, “les pressions inflationnistes vont probablement diminuer à moyen terme, donnant à la Banque d’Angleterre une marge pour baisser ses taux plus vite que ce qu’elle prévoyait jusqu’ici”, a expliqué Hetal Mehta, chef économiste de l’ITEM Club, un des principaux cabinets de conjoncture de la City.

 22/08/2008 12:25:41 – Â© 2008 AFP