L’offensive en Géorgie plombe les relations économiques entre Russie et UE

 
 
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ésident de la Russie, et Alexi Miller, chef de Gazprom, le 25 février 2008 à Pancevo (Photo : Dmitry Astakhov)

[24/08/2008 17:48:03] MOSCOU (AFP) L’offensive militaire de Moscou en Géorgie a créé un nouveau malaise dans les relations économiques entre une Europe dévoreuse d’hydrocarbures russes et une Russie en mal de technologies pour diversifier son économie.

De loin premier partenaire économique de la Russie, dont elle représente plus de la moitié des échanges et très dépendante du gaz russe qui assure un quart de sa consommation, l’Union européenne joue un rôle moteur dans les investissements étrangers en Russie.

“La relation avec l’Europe, c’est ce qui fait aimer la Russie aux investisseurs”, commente Christopher Weafer de l’équipe de recherche du groupe financier russe Uralsib. “Si la situation continuait de se détériorer et brouillait la Russie et l’Europe, l’on verrait nombre d’investisseurs soit quitter le pays soit le bouder”, affirme-t-il.

Paris, qui préside actuellement l’UE, a demandé samedi à la Russie le “retrait rapide des militaires russes présents” sur un axe routier stratégique reliant la capitale Tbilissi au port commercial de Poti et dimanche le président Nicolas Sarkozy a convoqué pour le 1er septembre à Bruxelles un sommet européen sur la crise.

La contre-offensive massive de la Russie après l’attaque de la Géorgie contre sa région sécessionniste vient perturber à nouveau des relations tourmentées, entre les guerres du gaz avec l’Ukraine, pays de transit de l’or bleu vendu à l’Europe, l’embargo russe sur la viande polonaise ou les péripéties et tracasseries du groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP.

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Carte des importations de gaz russe en Europe, selon des chiffres Eurostat de 2005 (Photo : Laurence Saubadu)

Les Russes ont affaire avec ce conflit à “une très forte dégradation de leur image”, souligne Thomas Gomart spécialiste de la Russie et de l’ex-URSS à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

“Le risque politique et un climat des affaires peu amène sont des problèmes de longue date (…) Ils ont surmonté par le passé des crises similaire mais nous avons ici un rappel de ces risques qui aura un impact durable”, a averti pour sa part Ed Parker de l’agence de notation financière internationale Fitch Ratings, basé à Londres.

Les sociétés russes qui se financent largement à l’étranger ne peuvent qu’être fragilisées par une perception accrue du risque associée à leur pays, a-t-il fait remarquer.

Le 8 août, jour de la contre-offensive massive russe, l’indice RTS de la Bourse de Moscou a chuté de 6,5% pour clôturer à son plus bas niveau depuis fin 2006.

Sur la seule semaine du 8 au 15 août, la Banque centrale a enregistré une baisse record de 16,4 milliards de dollars des réserves de change du pays dont 6 milliards le vendredi 8 et un milliard le lundi suivant.

Pour certains, le pragmatisme va prévaloir à terme surtout dans le secteur de l’énergie. “Les rares marchés à très forte croissance sont des marchés sur lesquels on veut encore faire des affaires”, fait remarquer M. Gomart.

“Dans une situation où on a un baril au-dessus de 100 dollars, les Russes ont très bien compris qu’ils ont une fenêtre d’opportunité de 20 ans pendant laquelle ils sont capables de maximiser leurs ressources énergétiques, de les défendre et de devenir très riches”, ajoute-t-il.

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ète dans un écran montrant les cours des actions de la BOurse de Moscou, le 29 juillet 2004 (Photo : Denis Sinyakov)

Néanmoins, les accords commerciaux et d’investissement que la Russie et l’UE devaient conclure pendant la présidence française de l’UE pourraient être reportés et cette période consacrée uniquement à éteindre l’incendie, prévoit M. Weafer.

Avec pour conséquence de “ralentir le processus” de diversification de l’économie tant annoncé par le Premier ministre Vladimir Poutine et “augmenter la dépendance et la vulnérabilité de l’économie russe vis-à-vis des cours du pétrole”, ajoute-t-il.

Or, estiment MM. Gomart et Sonine, ce conflit va conduire la Russie à une augmentation de ses dépenses militaires et un repli sur ce secteur, alimentant l’inflation et réduisant les transferts de technologies.

“Il faut revenir aux questions sérieuses: l’inflation, la faible productivité et les transferts de technologies”, a appelé M. Sonine.

 24/08/2008 17:48:03 – Â© 2008 AFP