Fragilisée par la crise du “subprime”, Natixis cherche sa raison d’être

 
 
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çade du siège à Charenton-Le-Pont en 2007 (Photo : Joel Saget)

[26/08/2008 17:18:58] PARIS (AFP) Enlisée dans la crise du “subprime”, la banque française Natixis devrait annoncer jeudi la deuxième perte trimestrielle de son histoire, soulignant la fragilité de son modèle au moment où son projet d’augmentation de capital est vilipendé par plusieurs actionnaires.

La filiale commune des groupes mutualistes Banque Populaire et Caisse d’Epargne a déjà dévoilé une large partie de ses résultats mi-juillet. Elle a ainsi annoncé de nouvelles dépréciations de 1,5 milliard d’euros sur son portefeuille d’actifs.

Au total, la crise des crédits immobiliers à risque (“subprime”) aura coûté 3,9 milliards d’euros à la plus jeune des banques françaises, née de la fusion de Natexis et d’Ixis fin 2006.

Selon les analystes, ces dépréciations devraient conduire la banque à accuser une perte comprise entre 500 et 800 millions d’euros au deuxième trimestre. Ce serait la deuxième perte trimestrielle de Natixis en moins d’un an: elle avait déjà perdu 900 millions d’euros au quatrième trimestre 2007.

Ces mauvaises performances sont dues à la forte spécialisation de Natixis dans les domaines d’activité les plus touchés par la crise, notamment la transformation de crédits en produits financiers complexes (titrisation). Lors de sa naissance en 2006, la banque était en effet leader français dans la conception de CDOs (les produits les plus touchés par la crise) et dans les 10 premières banques à l’échelle mondiale, rappellent dans une note les analystes de la maison de courtage Keeffe, Bruyette & Woods.

Sur fond de morosité économique, la banque pourrait à l’avenir souffrir du ralentissement de ses activités de détail (via ses participations dans ses maisons mères), dont la contribution au bénéfice du groupe avait déjà reculé de 33% au premier trimestre.

“Natixis est né d’un montage de convenance qui n’avait pas de réelle rentabilité économique. La question est de savoir ce qu’ils veulent faire. Pour l’instant, on ne le sait pas vraiment”, estime un analyste financier sous couvert de l’anonymat.

Pour faire face à ces défis, la banque entend redéfinir ses activités de banque de financement et d’investissement (BFI).

“Le recentrage sur les besoins des clients devrait ramener la BFI sur la voie de la rentabilité”, estiment les analystes de Keeffe, Bruyette & Woods.

Sur le volet social, la banque veut réduire 10% de ses coûts fixes, notamment à travers 850 suppressions d’emploi en France.

Elle va enfin lancer une augmentation de capital de 3,7 milliards d’euros, probablement en septembre, qui doit être autorisée lors d’une assemblée générale extraordinaire, convoquée pour vendredi.

Cet appel au marché servira essentiellement à rembourser une avance de 2,5 milliards d’euros consentie par les deux principaux actionnaires de Natixis (Caisse d’Epargne et Banque Populaire, qui contrôlent 70% du capital).

Pour les 1,2 milliards d’euros restants, les analystes s’attendent à un très faible taux de souscription, alors que plus de 2,5 millions d’investisseurs avaient participé à l’entrée en Bourse fin 2006. Mais depuis lors, le titre a chuté 19,55 euros à environ 6 euros aujourd’hui.

Une opération contestée par deux hedge funds américains (fonds spéculatifs), qui ont dénoncé la semaine dernière une opération jugée “inacceptable” et contraire aux intérêts des actionnaires minoritaires car “destructrice de valeur”.

Dans des questions écrites au Conseil de surveillance de la banque, le cabinet de conseil aux actionnaires Deminor a repris en partie ces arguments, villipendant une “dilution potentielle colossale”.

 26/08/2008 17:18:58 – Â© 2008 AFP