Alitalia : le plan de la dernière chance se concrétise

 
 
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à l’aéroport de Milan (Photo : Giuseppe Cacace)

[27/08/2008 12:09:48] ROME (AFP) Le sauvetage d’Alitalia prend forme après la création d’une nouvelle société qui reprendrait les activités rentables de la compagnie au bord de la faillite et la recherche d’un partenaire étranger, avec le retour possible en piste d’Air France-KLM.

Plusieurs “pièges” jalonnent cependant la route du redressement de la compagnie, en particulier le risque de nouvelles frictions avec Bruxelles, avertissait mercredi le Corriere della Sera.

La société qui doit reprendre les activités rentables d’Alitalia a été constituée mardi soir par 16 actionnaires italiens, à la veille jeudi d’une modification de la loi sur les faillites qui doit être adoptée lors d’un Conseil des ministres.

Cette modification a été exigée par les nouveaux investisseurs qui refusent de se charger de la dette d’environ 1,2 milliard d’euros d’Alitalia.

En échange, les 16 investisseurs sont prêts à mettre un milliard d’euros sur la table dans la nouvelle société baptisée “Compagnie aérienne italienne”.

La nouvelle société sera présidée par le patron du groupe Piaggio, Roberto Colaninno, qui devrait s’engager à hauteur d’environ 200 millions d’euros dans la nouvelle Alitalia.

A ses côtés, figurent notamment Carlo Toto, le patron d’Air One, deuxième compagnie de la Péninsule, le groupe Benetton à travers la société d’autoroutes Atlantia, l’assureur Fondiaria-Sai ou encore la “patronne” des patrons italiens Emma Marcegaglia, selon une source proche du dossier.

Il reste que pour faire durablement redécoller la nouvelle Alitalia, une alliance stratégique avec une grande compagnie européenne est indispensable.

Le plan de relance qui prévoit la scission d’Alitalia en deux sociétés – l’une viable reprise par les “16 capitaines courageux” comme la presse les a surnommés, l’autre lestée des dettes et des activités sans avenir, qui sera mise en faillite – devait donc être présenté mercredi à Paris à la direction d’Air France-KLM par la banque conseil Intesa Sanpaolo, selon l’agence économique Radiocor.

“Il est difficile d’évaluer les possibilités que les Français, sortis par la porte, puissent rentrer par la fenêtre”, écrivait mercredi le quotidien Il Sole 24 Ore, dans une allusion au retrait de l’offre de reprise du groupe français au printemps dernier.

Cette reprise des discussions montre cependant que le choix d’un partenaire international “est essentiel à l’avenir d’Alitalia”, soulignait Il Sole, y voyant en outre “la riposte d’Air France à l’offensive” de l’Allemande Lufthansa sur Austrian Airlines.

Lufthansa est justement l’autre compagnie avec laquelle la nouvelle Alitalia pourrait faire alliance, selon la presse.

Une telle alliance permettrait notamment au gouvernement de Silvio Berlusconi de “se démarquer” du projet qu’avait soutenu le gouvernent de gauche de Romano Prodi d’un rachat par Air France-KLM mais Air France “connaît mieux la situation d’Alitalia”, faisait valoir le quotidien.

Reste que le plan de sauvetage devra vaincre de nombreux obstacles dont le plus important sera son impact social puisqu’entre 5.000 et 7.000 licenciements seraient envisagés.

Alitalia emploie 11.100 personnes dans le transport aérien, tandis que 8.300 autres travaillent dans les services de maintenance. Selon la presse, des reclassements dans l’administration ou des sociétés contrôlées par l’Etat, comme la poste, seraient envisagés.

“L’Etat devra payer les dettes de la vieille Alitalia ce qui pourrait coûter un milliard d’euros aux contribuables. Au moment même où il paiera, il violera les règles européennes sur les aides publiques”, soulignait le Corriere della Sera dans un éditorial, soulevant en outre le risque d’une distorsion de concurrence en raison de l’entrée d’Air One dans Alitalia.

 27/08/2008 12:09:48 – Â© 2008 AFP