L’Union pour la Méditerranée : Des freins au libre-échange


Par Imededdine BOULAABA

Il y a les slogans… et la réalité. Le Sommet du 13 juillet 2008 à
Paris, date supposée historique pour les échanges commerciaux et la fluidité
des investissements dans l’espace euro-méditerranéen, n’a pas encore aplani
les différents obstacles à l’établissement d’une zone de coprospérité, de
partenariat durable et de libre circulation des personnes, source de
métissage, de créativité, de concurrence et de débouchés stimulateurs.
D’ailleurs, après les embrassades et autres professions de foi de
l’establishment politique des deux rives de «la mare Nostrum», des
responsables patronaux  du pourtour méditerranéen ont émis l’espoir, après
les résolutions adoptées lors du conclave des chefs d’Etat, de voir les
échanges entre l’Union européenne et les pays du sud s’accroître de 10% par
an et de tripler les investissements directs étrangers d’ici à 2020.

 

«L’Europe triche. Longtemps, elle n’a consacré que 2 euros par
habitant et par an aux pays du sud contre 27 aux ex- affiliés du défunt
Pacte de Varsovie. En plus, il existe 650.000 normes d’entrée sur le marché
européen. Bruxelles dit qu’elle libéralise, mais en réalité, elle se protège
grâce à des règles douanières «Kafkaïennes» puisqu’à une telle règle peut
correspondre parfois une réglementation de 50 pages», nous dit Monsieur
Kamel Ben Younes, directeur exécutif de la revue «Etudes Internationales»,
qui déplore aussi les frais d’établissement, les coûts des licences et les
méandres bureaucratiques de la rive sud dont la persistance, insiste-t-il,
constituent de réelles entraves aux investissements, difficiles pour les
grandes entreprises et infernales pour les petites.

 

Pour les hommes d’affaires du Maghreb, ajoute notre vis-à-vis, la
création d’une zone de libre-échange dans le pourtour méditerranéen est
évidemment un pari. Le pari que, très vite, les gains éducatifs, culturels
et l’esprit entrepreneurial l’emporteront sur la résistance des uns et des
autres grâce à l’émergence de nouvelles mentalités à même de forcer les
crispations identitaires. Finalement, conclut notre interlocuteur, le grand
chantier lancé par Nicolas Sarkozy à la mi-juillet est en mesure de
dynamiser les échanges à la condition de venir à bout d’une Europe
forteresse, réfractaire à la libre circulation des personnes.

 

«C’est se moquer du monde que de dire aux gens de s’associer à vous
et de leur interdire d’entrer», clame Monsieur Fethi Achouch, directeur de
la société Ability Informatique, qui appelle les décideurs économiques du
nord à saisir toutes les occasions pour dénoncer les restrictions sur la
liberté de mouvement de leurs confrères du sud. Donc du grain à moudre pour
une caste a priori réservée et réputée plutôt circonspecte vis-à-vis
du microcosme politique communautaire.