[28/08/2008 19:55:34] WASHINGTON (AFP)
La croissance américaine a été révisée en hausse spectaculaire au deuxième trimestre, à 3,3% au lieu de 1,9% annoncé initialement, mais les analystes jugent qu’il est trop tôt pour sabler le champagne dans un contexte de ralentissement économique mondial. Une révision à la hausse était attendue mais les analystes ont été surpris par son ampleur, puisqu’ils tablaient sur une progression de 2,7% seulement du Produit intérieur brut (PIB), en rythme annuel C’est la croissance la plus forte depuis le troisième trimestre 2007, et une nette accélération par rapport au premier trimestre (+0,9%), a précisé jeudi le département du Commerce. “Ces chiffres sont étonnamment robustes et ils devraient mettre un terme au débat sur la récession, au moins pour le moment”, a estimé l’économiste indépendant Joel Naroff. Le gros de la révision s’explique par la balance commerciale, qui apporté à elle seule 3,1 points de croissance au PIB. Profitant enfin de la dépréciation du billet vert engagée depuis plusieurs années, les exportations ont en effet progressé de 13,2%, tandis que les importations affichaient leur plus fort recul depuis 2001, à -7,6%. Autre facteur favorable, les entreprises ont moins puisé dans leurs stocks que prévu, amputant la croissance de 1,44 point seulement. Mais les analystes redoutent que cette embellie ne soit de courte durée. “La correction de l’immobilier continue, les exportations vont sans doute ralentir car l’économie mondiale est en berne et les consommateurs vont eux aussi sérieusement rétrograder maintenant que les chèques de remises d’impôts ont été dépensés ou épargnés”, avertit Sal Guatieri de BMO marchés financiers. Le commerce extérieur risque en effet de souffrir du fort ralentissement des économies européennes et japonaise, et, dans une moindre mesure, compte-tenu de la lenteur de la propagation des variations de changes, de l’appréciation récente du dollar. Du côté des consommateurs, les économistes soulignent qu’un décrochage est quasi-inéluctable, car même avec les chèques de remise d’impôt, leurs dépenses n’ont augmenté que de 1,7% au deuxième trimestre. Les Américains continuent en effet de souffrir de la crise de l’immobilier, qui s’est traduite au printemps par le dixième trimestre consécutif dans le rouge pour l’investissement dans la pierre (-15,7%). Toute la question est de prévoir l’ampleur de ces chocs sur l’économie en fin d’année. “Nous prévoyons une croissance nulle au troisième et au quatrième trimestre”, avance M. Guatieri. D’autres sont plus optimistes et espèrent notamment que la baisse des prix de l’essence apportera un peu de soulagement. La croissance pourrait ainsi atteindre 1% aux troisième et quatrième trimestre “avant de s’améliorer graduellement” en 2009, assure Peter Kretzmer de Bank of America. Une fois de plus, la clé sera sans doute du côté de l’immobilier, qui est à l’épicentre de la crise actuelle. Malgré la multiplication des saisies et le durcissement du crédit, certains analystes voient des signes d’espoir dans les divers rapports publiés ces derniers jours et laissant entrevoir un ralentissement de la baisse des prix. “Si les prix de l’immobilier commençaient à se stabiliser dans les régions les plus faibles, le secteur financier se remettrait à flot et la croissance pourrait accélérer”, affirme M. Naroff. En attendant, ce rapport ne devrait pas changer l’opinion de la banque centrale (Fed) qui a révisé à la baisse en août ses prévisions de croissance pour le second semestre. “La Fed ne va pas modifier ses taux avant le printemps 2009”, assure M. Guatieri. Le taux directeur est actuellement fixé à 2%. |
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