Natixis plonge dans le rouge et fait fléchir ses maisons mères

 
 
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çade du siège à Charenton-Le-Pont en 2007 (Photo : Joel Saget)

[28/08/2008 14:27:23] PARIS (AFP) La banque française Natixis, filiale des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne, a vu ses comptes passer dans le rouge au premier semestre, sous l’effet de la crise financière, et a entraîné ses maisons mères dans sa chute.

Particulièrement exposée aux produits nocifs du “subprime”, Natixis a accusé une perte nette de 948 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année, alors qu’elle avait engrangé un bénéfice de 1,56 milliard sur la même période de 2007.

Les revenus de la banque (produit net bancaire, PNB) ont chuté de 63% à 1,55 milliard d’euros au premier semestre.

“Natixis a subi de plein fouet depuis début juin la dégradation soudaine et violente des marchés financiers”, a expliqué Dominique Ferrero, directeur général, au cours d’une conférence téléphonique.

La facture de la crise des crédits immobiliers américains à risque (“subprime”) s’élève à 1,95 milliard d’euros au premier semestre. Au total, elle aura coûté 3,9 milliards d’euros à la plus jeune des banques françaises, née fin 2006 de la fusion de Natexis et d’Ixis.

Les activités de marché (banque de financement et d’investissement, BFI) sont particulièrement touchées par la crise. La BFI enregistre ainsi une perte de 1,44 milliard et un PNB négatif (-421 millions).

Mais la banque de détail (destinée aux ménages, PME, etc.) n’est pas épargnée, avec un bénéfice en baisse de 30% sur un an. Natixis détient une participation de 20% dans les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne qu’il consolide dans ses comptes.

Les réseaux de détail des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne affichent respectivement une baisse de 11% et 36% de leurs profits semestriels.

Natixis entraîne même ses maisons mères (qui détiennent chacune une participation de 35%) dans sa chute.

Ainsi, du fait des mauvaises performances de sa filiale, le bénéfice net du Groupe Banque Populaire est divisé par 12 par rapport à l’an dernier, à seulement 94 millions d’euros.

Le Groupe Caisse d’Epargne est lui resté bénéficiaire de justesse, voyant son profit divisé par 69 au premier semestre à seulement 21 millions d’euros.

Les actionnaires n’en renouvèlent pas moins leur confiance à leur filiale, notamment en réitérant leur intention de participer à son augmentation de capital, d’un montant de 3,7 milliards d’euros, qui doit être approuvée vendredi lors d’une assemblée générale des actionnaires.

Malgré l’opposition de certains actionnaires minoritaires, la direction ne semble pas vouloir faire marche arrière. Elle a refusé de dévoiler les modalités de l’opération, alors que Les Echos de jeudi évoquent une décote de 40% et un prix d’émission des nouvelles actions compris entre 2 et 3 euros.

Natixis avait fait son entrée en Bourse fin 2006 au prix de 19,55 euros par action.

Le directeur général Dominique Ferrero a en outre démenti avoir proposé au fonds souverain singapourien Temasek d’entrer au capital de Natixis, comme l’écrivent Les Echos. Ce fonds est déjà au venu au secours de la banque d’affaires américaine Merrill Lynch, en grandes difficultés à cause de la crise.

La banque française a enfin dévoilé de nouvelles orientations stratégiques, notamment la réduction de son “profil de risque” et un recentrage “sur les métiers les plus porteurs et les moins volatils pour renouer avec une croissance pérenne et rentable”, a indiqué M. Ferrero.

“Notre banque est encore très jeune, la crise ne lui a pas donné le temps dont elle avait besoin pour parachever la fusion harmonieuse de ses métiers”, a-t-il ajouté.

La banque continue en outre à envisager des cessions d’actifs pour dégager des liquidités.

 28/08/2008 14:27:23 – Â© 2008 AFP