Natixis autorisée à lever des capitaux malgré l’opposition de deux fonds

 
 
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çade du siège à Charenton-Le-Pont en 2007 (Photo : Joel Saget)

[29/08/2008 14:47:44] PARIS (AFP) La banque française Natixis, très éprouvée par la crise des “subprime”, a obtenu le feu vert de son assemblée générale pour lever des fonds en Bourse, en dépit de l’opposition farouche de deux fonds d’investissement américains présents à son capital.

Les actionnaires ont approuvé, à 94% des voix, la résolution autorisant le directoire de la banque à procéder à une augmentation de capital dans un délai maximum de 26 mois.

Cet appel au marché, d’un montant de 3,7 milliards d’euros, devrait vraisemblablement intervenir en septembre. Il est destiné à renforcer les fonds propres de la banque après les pertes qu’elles a subies dans la crise des crédits hypothécaires à risque (“subprime”).

Ce vote favorable était acquis d’avance car Natixis jouit du soutien sans faille de ses deux actionnaires majoritaires, les groupes mutualistes Banque Populaire et Caisse d’Epargne, qui détiennent à eux deux 70% de son capital.

Natixis est née en 2006 de la fusion des activités de banque d’investissement et de gestion d’actifs de ces deux établissements.

La banque a accusé une perte nette de 948 millions d’euros au premier semestre, en raison de sa forte spécialisation dans les domaines d’activité les plus touchés par la crise.

Pour faire face à ces déboires, Natixis a engagé un plan de redressement qui passe notamment par la suppression de 800 emplois en interne et autant parmi les prestataires extérieurs.

La banque a aussi dévoilé de nouvelles orientations stratégiques, notamment la réduction de son “profil de risque” et un recentrage “sur les métiers les plus porteurs et les moins volatils”, selon les propos de son directeur général, Dominique Ferrero.

L’augmentation de capital s’inscrit dans cette stratégie globale, qui vise à tourner la page de la crise.

Deux fonds spéculatifs américains (“hedge funds”), Greenlight Capital et Royal Capital Management, ont cependant contesté cette opération, la jugeant “destructrice de valeur” pour les actionnaires minoritaires.

Présent à l’AG, David Einhorn, président de Greenlight Capital, a de nouveau plaidé pour une option alternative: la vente de tout ou partie des participations détenues par Natixis dans ses maisons mères, et estimées à plus de 9 milliards d’euros.

Selon un montage complexe, Banque Populaire et Caisse d’Epargne détiennent chacune 35% de Natixis, qui possède elle-même 20% de chacune des banques mutualistes.

La direction de Natixis s’oppose à la solution proposée par M. Einhorn, car ces participations apportent, selon elle, une composante de banque de détail à Natixis qui a un “effet stabilisateur” sur ses revenus, souligne-t-elle.

Des arguments réfutés par David Einhorn, qui a au contraire jugé que ces participations étaient “des actifs à bas rendement, à forte volatilité et avec des perspectives de croissance peu attractives”.

Plusieurs actionnaires individuels ont eux aussi exprimé leur mécontentement au cours de l’AG, du fait notamment de la chute du titre en Bourse. L’action vaut aujourd’hui quatre fois moins que son prix d’introduction (19,55 euros) fin 2006.

Mais même les plus critiques semblaient prêts à souscrire à l’augmentation de capital.

Un client des Caisses d’Epargne “depuis 45 ans” explique ainsi que sa banque l’a “poussé à avoir le plus possible d’actions” Natixis.

“Et, maintenant, on se retrouve avec une tonne d’actions qui ne vaut plus rien”, raconte-t-il, avant d’ajouter toutefois: “Vous nous demandez encore des sous, on veut bien vous en donner”.

 29/08/2008 14:47:44 – Â© 2008 AFP