Même si la dépêche de l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), traitant
de l’audience accordée, lundi 25 août 2008, par le président Ben Ali au
Premier ministre Mohamed Ghannouchi, n’en traite que dans son dernier
paragraphe, le dossier est de première importance : les négociations
sociales.
A ce sujet, l’agence officielle de presse rapporte que le chef de l’Etat «a
recommandé d’accélérer le rythme des négociations sociales sur les
augmentations salariales pour les différents secteurs, afin de les achever
dans les meilleurs délais». Une manière de dire que ces tractations ne
progressent pas aussi rapidement qu’on le voudrait au niveau le plus élevé
de l’Etat.
L’Etat a toujours joué un rôle d’arbitre dans les négociations sociales.
Cette position de neutralité –mais pas d’indifférence- par rapport aux deux
protagonistes de ces négociations –en l’occurrence l’Union Tunisienne de
l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) et l’Union Générale
Tunisienne du Travail (UGTT)- trouve une nouvelle illustration dans le souci
exprimé par le chef de l’Etat que ces négociations «tiennent compte» d’un
principe fondamental : «la conciliation entre les dimensions économiques et
sociales», ce qui permet de «sauvegarder le pouvoir d’achat des salariés
d’un côté, et la compétitivité de l’économie d’une façon générale et de
l’entreprise en particulier, de l’autre». Une vision qui véhicule un message
clair destiné respectivement à l’UGTT et à l’UTICA.
Certainement ravi que le président Ben Ali souligne la nécessité d’améliorer
le pouvoir d’achat des travailleurs, la centrale ouvrière est invitée à ne
pas placer trop haut la barre de ses revendications. Elle aussi certainement
satisfaite que le chef de l’Etat mette en exergue l’importance de la
sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise, la centrale patronale est
invitée à faire preuve de compréhension.
Et si le chef de l’Exécutif a jugé bon d’interférer dans le déroulement des
négociations sociales, c’est parce que celles-ci traînant en longueur, une
certaine tension commence à se faire sentir depuis quelques semaines entre
les partenaires sociaux.
D’ailleurs, le journal «Achaab», organe de l’UGTT, s’en est fait l’écho dans
son édition du 22 août 2008. On y lit, dans un compte rendu de la réunion
des «comités de négociation dans le secteur privé», tenue trois jours plus
tôt, que les participants ont exprimé leur «mécontentement pour la lenteur
des négociations», et le «durcissement de la position de la partie d’en
face», et réaffirmé leur «disponibilité à lutter pour obtenir satisfaction
des demandes des travailleurs».
La «partie d’en face», en l’occurrence l’UTICA, n’a quant à elle pas répondu
à ces propos. Parce que la centrale patronale –dont l’organe officiel,
l’hebdomadaire «Al Bayane» n’a pas soufflé mot de cette affaire dans son
édition de la semaine dernière- a pour habitude d’éviter de polémiquer par
médias interposé, préférant gérer ce dossier dans les coulisses.
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