Le Sud tunisien peut receler des réserves importantes en or noir


Propos recueillis par Amel Belhadj Ali

Les réserves d’hydrocarbures en Tunisie sont estimées à 600
millions de TEP (tonnes équivalent pétrole). La recherche et la prospection
pétrolières exigeant des moyens humains et matériels importants, l’Etat
tunisien n’a cessé ces dernières années d’encourager les compagnies
étrangères à investir dans l’exploration de nouveaux gisements. Parmi elles,
la firme canadienne de prospection pétrolière Storm ventures inc qui vient
de signer un accord avec PA Resources, une compagnie suédoise pour la
recherche et l’exploitation d’un puits pétrolier situé dans la région de
Ghadamès dans le Sud tunisien.

 

Entretien avec M. Jameleddine Lazreg, directeur général de Storm
ventures.

 

Webmanagercenter : La société Storm ventures d’origine
canadienne, partenaire de la compagnie pétrolière suédoise PA Resources. Si
vous nous parliez des termes de cet accord ?

 

Jameleddine Lazreg : Je tiens tout d’abord à préciser
que le programme de travaux de validité du permis de prospection s’étale sur
2 ans. En ce qui nous concerne, nous avons signé avec l’Etat tunisien un
permis de recherche en option sismique. Nous estimons aujourd’hui que la
concession qui nous a été cédée est potentiellement riche, plusieurs indices
nous encouragent à aller de l’avant. Nous comptons par conséquent solliciter
un permis de prospection pétrolière en bonne et due forme qui s’étale sur
cinq ans et nous attaquer aux forages d’ici février 2009. La compagnie
suédoise PA Resources a estimé ‘‘qu’El Jenaiene Centre’’ situé à Ghadamès
pouvait être un gisement important et a demandé à entrer en partenariat avec
nous. PA Resources se charge d’assurer 35% des frais de la recherche
sismique ainsi que ceux du prochain puits que nous comptons forer au début
de l’année prochaine. Elle devient ainsi notre partenaire à hauteur de 35%.

 

Il faut reconnaître que plusieurs autres découvertes en
hydrocarbures augurent d’un bon potentiel pour ce gisement. Près de nous, la
compagnie ‘‘Pioneer’’ vient de réaliser 8 découvertes toutes positives, ‘‘OMV’’
trois autres au Sud de notre zone de prospection, et ‘‘ENI’’ située au Nord
de ‘‘Jenaiene Centre’’ deux découvertes. Donc, au Sud comme au Nord et à
l’Est du bloc que nous avons prospecté, les indices sont des plus positifs.

 

Combien coûte la recherche ainsi que le forage d’une
concession pétrolière ?

 

La recherche sismique coûte plus de 2,6 millions de dollars
américains, soit près de 3 millions de dinars tunisiens. Quant au forage du
puits, il coûte dans les $12 millions.

 

Quelles sont vos prévisions par rapport au gisement ?

 

Si nous prenons en considération les découvertes réalisées autour
de nous et qui ont la même dimension, nous pouvons envisager qu’un puits
situé dans cette zone recèle entre 7 et 10 millions de barils de pétrole en
réserves récupérables. Soit une production journalière d’à peu près 2000 ou
3000 barils.

 

Ces productions sont-elles destinées au marché international
ou au marché local ?

 

Aux deux : une partie de la production est réservée à l’Etat
tunisien qui est libre d’en user à sa guise. Il peut l’exporter comme il
peut la garder pour le marché local. La plupart des sociétés pétrolières
préfèrent exporter leurs productions.

 

Pouvons-nous espérer une baisse des prix des hydrocarbures
dans notre pays grâce à ces différentes découvertes ?

 

S’il n’y avait pas eu ces découvertes, je pense personnellement que
les hydrocarbures auraient été plus chers aujourd’hui. N’oublions pas que le
prix du pétrole est lié au marché international et aux cours mondiaux qui
fluctuent, et ce pour plusieurs raisons. Il y a des pays dont la croissance
impose une plus grande consommation de matières énergétiques à l’instar de
la Chine, de la Corée et autres. Conséquence : une augmentation de la
demande.

 

D’un autre côté, les zones de conflits dans le monde représentent
un facteur important qui peut être à l’origine de l’augmentation des prix du
pétrole et pour terminer les risques d’épuisement des réserves pétrolières
qui aggravent encore plus la situation. Mais il y a d’autres raisons qui se
rapportent aux mécanismes des marchés mondiaux du pétrole. Les grands
investisseurs qui achètent des actions dans des sociétés pétrolières ont des
pouvoirs énormes. Parce que leurs objectifs sont le gain et par conséquent,
l’augmentation des prix des produits énergétiques sert leurs intérêts. Ces
grandes compagnies peuvent même influencer les politiques de certains pays
et les cours pétroliers.

 

Et pour ce qui est de la Tunisie ?

 

Notre pays avait, à un certain moment, un surplus au niveau de la
production pétrolière, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Etant un pays en
pleine croissance, la consommation a augmenté de manière conséquente. L’Etat
est obligé d’acheter le pétrole à des prix élevés, il en subventionne une
partie et se trouve contraint à augmenter les prix à la consommation pour
pouvoir assurer l’approvisionnement du pays en pétrole.

 

On prétend que le pétrole tunisien est un pétrole de très
bonne qualité, ce qui implique que lorsqu’on augmente les prix du pétrole
ordinaire, celui-ci est forcément payé plus cher. Ceci serait de nature à
réduire la facture du pétrole ordinaire pour l’Etat tunisien. Pourquoi le
citoyen doit-il toujours subir des hausses de prix exagérées ?

 

Votre raisonnement peut tenir, mais n’oublions surtout pas que la
consommation énergétique se développe énormément dans notre pays. La demande
est en train de s’accroître et il est devenu difficile si ce n’est
impossible d’équilibrer offre et demande. Les découvertes pétrolières
n’assurent pas toujours les besoins du pays. Car elles restent relativement
modestes et ne sont pas comparables à celles réalisées dans d’autres pays où
on parle de millions et même de milliards de barils de pétrole.

 

Pouvons-nous espérer que ces découvertes aussi modestes,
soient-elles, sont de bon augure pour le pays ?

 

Le Sud tunisien peut receler un potentiel intéressant pour ce qui
est des ressources pétrolières. Dans le Sud, la géologie peut
être riche en gisements d’hydrocarbures. Nous estimons que les terrains dans
cette région du pays sont propices à la formation des hydrocarbures. Le
Sahara tunisien, qui était difficile à prospecter vu l’imperméabilité des
couches terrestres, peut aujourd’hui faire l’objet de forages grâce aux
progrès technologiques telles les techniques de la fracturation qui nous
permettent d’accéder aux profondeurs du sol pour y dénicher des réservoirs
intéressants en pétrole. Il y a de l’espoir pour notre pays.

 

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La compagnie Storm
ventures inc de prospection pétrolière s’est installée en Tunisie, il y a
près de cinq ans. Depuis, elle a fait du chemin. Aujourd’hui, elle effectue
des recherches dans la zone maritime de Hammamet où elle a acquis deux
gisements de pétrole appelés Cosmos et Yasmine qui entreront en phase
d’exploitation au printemps 2009 et en phase de production en 2010. En 2007,
STORM a acquis 402 km ² à Tazerka (situé au cap bon)pour y effectuer des
recherches sismiques. L’objectif est l’identification d’une première cible
de forage sans parler d’un autre permis au Sud de Remada et du permis de
recherches dans la région de Ghadamès qui s’annonce prometteur.

A l’échelle internationale, elle détient d’ores et déjà 10 permis de
recherche en mer du Nord et y a réussi trois découvertes en 2007.

 

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