[02/09/2008 11:32:34] PARIS (AFP)
Un mois après la démission de ses dirigeants historiques Patricia Russo et Serge Tchuruk, Alcatel-Lucent a choisi l’ancien président de British Telecom, Ben Verwaayen, et le cogérant de Lagardère, Philippe Camus, pour tenter de redresser l’équipementier en télécommunications. Le Néerlandais Ben Verwaayen, 56 ans, succède à Patricia Russo à la direction générale, tandis que le Français Philippe Camus, 60 ans, remplace M. Tchuruk au poste de président non exécutif. Lors d’une conférence téléphonique mardi matin, au lendemain de leur désignation par le conseil d’administration, les deux hommes ont indiqué avoir déjà pris leurs fonctions. M. Tchuruk quittera Alcatel-Lucent le 1er octobre et Mme Russo restera encore “quelques semaines” pour assurer la transition. Né de la difficile fusion en décembre 2006 du français Alcatel et de l’américain Lucent Technologies, le groupe avait annoncé le 29 juillet la démission de Patricia Russo et Serge Tchuruk, après six trimestres consécutifs de pertes. Depuis plusieurs mois, les deux dirigeants étaient sur la sellette, le groupe accumulant les difficultés et les avertissements sur résultats. Alcatel-Lucent a déjà procédé à plusieurs plans de restructuration, comprenant au total 16.500 suppressions d’emplois dans le monde d’ici 2009, dont plus de 1.800 en France. Alors que le groupe prévoit une baisse de son chiffre d’affaires comprise “entre 2 et 5%” en 2008, dans un contexte de “ralentissement de l’activité en Europe” et de vive concurrence, les deux nouveaux dirigeants devront tenter de redresser la barre. “Je ne veux pas sous-estimer le défi qui nous attend, mais je pense que nous pouvons réussir”, a affirmé Ben Verwaayen. “Alcatel-Lucent, par sa position dans le monde, ses compétences, (…) dispose de magnifiques atouts”, a-t-il estimé.
Spécialiste des télécoms et donc immédiatement opérationnel, comme le voulaient les administrateurs, Ben Verwaayen a notamment occupé la vice-présidence de Lucent Technologies de 1999 à 2002, avant de rejoindre la direction générale de BT. Il a su en six ans moderniser l’opérateur, ancien monopole de téléphonie classique, le transformant en un groupe intégré de communication et de services présent dans 170 pays, au prix notamment de coupes massives dans les effectifs. “C’est une activité totalement différente, donc tout ce que j’ai fait dans ma vie précédente n’est pas nécessairement ce que je vais faire” chez Alcatel-Lucent, a-t-il toutefois précisé. Philippe Camus, cogérant du groupe Lagardère et partenaire de la société d’investissement et de conseil Evercore Partners, basée à New York, a été quant à lui coprésident exécutif du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS de 2000 à 2005. Président non exécutif, il conservera ses fonctions actuelles chez Lagardère. “Il ne devrait pas être tenté de gérer le côté opérationnel de l’entreprise comme l’avait fait Serge Tchuruk”, soulignent les analystes de Natixis, alors que des rumeurs faisaient état de relations tendues au sein de l’ancien tandem. M. Verwaayen aura une rémunération fixe annuelle de 1,2 million d’euros, la même que Mme Russo. En fonction de ses performances, il pourra recevoir entre 0% et 200% d’un bonus annuel de 1,8 million, sans compter des stock-options et actions gratuites. En revanche, il ne percevra aucune indemnité de départ en cas de cessation de ses fonctions, alors même que Mme Russo va recevoir “un maximum de 6 millions d’euros”, ce qui a suscité une vive polémique compte tenu des piètres résultats du groupe. M. Tchuruk avait de son côté reçu 5,6 millions d’indemnités au moment de la fusion. Alors qu’Alcatel-Lucent va sortir le 22 septembre des valeurs de l’Eurostoxx 50, le titre perdait à la mi-journée 1,74% à 4,23 euros, dans un marché parisien en hausse de 1,15%. |
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