[02/09/2008 09:41:24] PARIS (AFP) L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a abaissé sa prévision de croissance 2008 pour la zone euro à 1,3% contre 1,7%, alors qu’elle l’a revue en nette hausse pour les Etats-Unis, à 1,8% contre 1,2% auparavant, dans ses perspectives économiques intérimaires publiées mardi. Concernant la zone euro, “une bonne partie de cette révision vient de ce qui a été publié pour le deuxième trimestre, à savoir une mauvaise surprise, qui entraîne donc une forte baisse de la prévision”, a expliqué à l’AFP Jean-Luc Schneider, directeur adjoint du département économique de l’OCDE. L’économie de la zone euro s’est contractée de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier. Elle devrait “globalement stagner” jusqu’à la fin de l’année, de même qu’au Royaume-Uni. L’OCDE anticipe d’ailleurs une récession en Grande-Bretagne pour les deux derniers trimestres de l’année, mais une croissance positive sur l’ensemble de 2008. La mauvaise performance de la zone est également due à “une faible participation du commerce extérieur”, qui a notamment été gêné par le niveau élevé de l’euro au premier semestre, a ajouté M. Schneider. La prévision pour l’Allemagne est abaissée à 1,5% contre 1,9% lors des prévisions parues en mai, mais reste nettement au-dessus de la France (1% contre 1,8%) et surtout de l’Italie, lanterne rouge de la zone euro avec une croissance attendue à 0,1% pour cette année contre 0,5% auparavant. La zone euro est à présent plus proche de la récession que les Etats-Unis, d’après M. Schneider. Si l’OCDE ne prévoit pas de chiffres de croissance négatifs pour l’ensemble de la zone au troisième et quatrième trimestres 2008, une croissance nulle est attendue en Allemagne pour la fin de l’année, et guère mieux en France et en Italie. Une récession reste donc possible cette année, juge M. Schneider. L’inflation reste malgré tout “nettement au-dessus de la cible de la Banque centrale européenne”, et l’OCDE n’est donc pas favorable à une baisse de taux d’intérêt actuellement dans la zone euro. Le ralentissement économique devrait toutefois “permettre de ramener l’inflation dans des zones plus confortables”, ce qui ultérieurement pourrait donner à la BCE plus de marge de manoeuvre pour éventuellement baisser ses taux. “Pour le moment, il ne paraît guère utile de changer les orientations actuelles de politiques économiques. Si la nécessité d’assouplir ou de durcir les conditions macroéconomiques venait à se faire jour, c’est la politique monétaire qui devrait constituer l’instrument privilégié à cet effet”, poursuit l’OCDE. Du côté de l’immobilier européen, “le recul des prix et de l’activité dans le secteur de la construction semble gagner le Danemark, l’Irlande, l’Espagne et le Royaume-Uni, tandis que la décrue sensible des volumes de transaction semble annoncer des reculs ailleurs”, précise l’Organisation. Concernant les Etats-Unis, la révision à la hausse est “essentiellement due à l’extrêmement bon chiffre de croissance du deuxième trimestre” a expliqué Jean-Louis Schneider. La croissance américaine a été révisée la semaine dernière en très forte hausse pour le deuxième trimestre, à 3,3% au lieu de 1,9% annoncé initialement. Cette performance est due “en partie au commerce extérieur, en partie au stimulus fiscal qui a été perçu plus vite que prévu, voire anticipé par les consommateurs américains, qui l’ont dépensé plus rapidement qu’espéré”, a expliqué M. Schneider. Selon lui, le “fort affaiblissement du dollar” au premier semestre a également soutenu le commerce extérieur américain. Pour les troisième et quatrième trimestres, l’OCDE prévoit 0,9% et 0,7% de croissance respective en rythme annualisé, mais “avec une incertitude très large”, en particulier sur la vitesse à laquelle les effets positifs des mesures de relance budgétaire “vont se dissiper”. Si l’OCDE n’exclut pas totalement une récession aux Etats-Unis cette année, “nous n’avons pas dans nos projections de chiffres négatifs (de croissance) pour les prochains trimestres”, a précisé M. Schneider. La crise immobilière est toutefois loin d’être terminée outre-Atlantique, où “le prix des logements continue de baisser, ce qui fait planer la menace de défaillances et de confiscations supplémentaires, qui risquent elles-mêmes de peser sur les prix et d’amplifier les pertes sur prêts”, juge l’OCDE. “En ce qui concerne la construction, on perçoit cependant quelques signes de stabilisation, les permis de construire et les ventes de logements neufs ayant cessé de baisser et le parc de logements invendus diminuant”, nuance-t-elle. Par ailleurs, l’inflation “sous-jacente”, c’est-à-dire hors énergie et alimentation, reste “forte mais semble ne plus accélérer”, tandis que la baisse attendue de l’activité par rapport à 2007, où la hausse du produit intérieur brut avait atteint 2,2%, “constituera un facteur de désinflation”. Un contexte qui “semble légitimer les mesures actuelles” de relance, estime l’OCDE, qui ne pense pas qu’en l’état actuel des choses la Réserve fédérale américaine ait besoin à court terme “de remonter ses taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation”, a conclu M. Schneider. |
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