La BCE laisse son principal taux directeur inchangé

 
 
[05/09/2008 10:45:44] FRANCFORT (AFP)

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éant devant le siège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Martin Oeser)

Malgré une économie en panne, la baisse de taux directeur en zone euro n’est pas pour demain, a laissé entendre jeudi le président de la Banque centrale européenne, pour qui le souci numéro un reste l’inflation.

Le conseil des gouverneurs a décidé à l’unanimité de garder inchangé son principal taux directeur -qui détermine le niveau du crédit chez les Quinze- à 4,25% et Jean-Claude Trichet a fait comprendre qu’il en serait ainsi pour de nombreux mois.

Malgré un recul de 0,2% du Produit intérieur brut au deuxième trimestre annoncé il y a deux semaines, les gardiens de l’euro n’ont pas changé d’opinion comparé à début août, a-t-il dit.

“Nous n’avons pas de parti pris” sur la politique monétaire future et les taux actuels sont adaptés pour aider la BCE à remplir sa mission de stabilité des prix à moyen terme.

Une façon de balayer de la main les spéculations des marchés sur une réduction d’ici la fin de l’année des conditions du crédit visant à donner un coup de pouce à la conjoncture. Parler du sujet semble prématuré et le conseil n’a d’ailleurs évoqué qu’une option jeudi, celle du statu quo.

“Nous sommes dans un creux (de croissance) au deuxième et troisième trimestre”, a bien admis le Français, refusant de dire s’il attendait une récession technique, à savoir deux trimestres d’affilée de contraction du PIB.

La BCE a d’ailleurs révisé ses à la baisse, ne misant plus que sur 1,4% cette année (contre 1,8%) et 1,2% l’an prochain (contre 1,5%).

Mais cet “épisode (de faiblesse) sera suivi d’une reprise progressive”, a-t-il estimé.

“La BCE est restée fidèle à elle-même: elle s’est montrée imperturbable face aux données conjoncturelles décevantes pour la zone euro et son plus gros souci va à l’inflation élevée”, souligne Alexandre Krüger, économiste à la Bankhaus Lampe.

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ésident de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse à Francfort le 7 août (Photo : Martin Oeser)

Car le président de l’institut a répété jeudi toute sa panoplie habituelle de mises en garde contre les menaces de dérapage des prix. Certes, le taux d’inflation est descendu à 3,8% sur un an en août à la faveur d’une détente des prix du pétrole, après les pics de 4% des deux mois précédents. Pour lui, ce niveau reste “inquiétant”. L’objectif de la BCE est légèrement inférieur à 2%: on est donc encore loin du compte.

Et il a de nouveau plaidé pour la modération salariale, alors que s’ouvrent à l’automne les négociations clés dans le secteur de la métallurgie en Allemagne. IG Metall va probablement réclamer jusqu’à 8% de hausse salariale, façon de compenser la hausse des prix qui rogne le pouvoir d’achat des ménages. Un scénario catastrophe pour la BCE qui craint plus que tout un emballement incontrôlable des prix.

L’institut monétaire a d’ailleurs révisé à la hausse ses prévisions d’inflation, à 3,5% (contre 3,4%) et 2,6% (2,4%), une façon de montrer qu’elle n’attend pas d’effet de frein significatif de l’essoufflement de la croissance sur l’inflation.

De nombreux analystes jugeaient toutefois que le prochain geste serait bien une réduction des taux directeurs, dans la première moitié de 2009.

“Nous pensons que la prévision de la BCE en matière de croissance 2009 est trop optimiste”, réagit Aurelio Maccario, analyste chez Unicredit, qui mise sur une baisse de taux au deuxième trimestre. Jörg Krämer de la Commerzbank penche aussi en faveur cette théorie, mais la condition sine qua non reste une baisse des attentes d’inflation à long terme.

D’ici là, les pressions politiques pourraient s’intensifier au fur et à mesure que les pays de la zone euro s’enfoncent dans la crise. La France a déjà relancé ses critiques. Jeudi, le ministre des Finances belge Didier Reynders a suggéré à la BCE de réfléchir “à terme” à une baisse de taux.

 05/09/2008 10:45:44 – Â© 2008 AFP