C’est à ne pas en croire ses oreilles
! Car nous venons d’assister à deux mini conférences données par deux
universitaires tunisiens sur les relations au sein du trio : Emploi, Etat,
Entreprise. Et c’est comme si ces gens étaient sur une autre planète !
Chacune n’a duré qu’une petite demi-heure mais elles ont semblé si longues…
Une succession de vérités de La Palice. ‘’En Asie, c’est la coopération
entre l’Etat et les entreprises qui a fait l’émergence du pays’’. ‘’En
Tunisie, l’Etat est à l’origine du développement de l’agriculture’’…
Et puis, on nous sert des subtilités du genre : ‘’Le marché ne récompense
pas les investissements technologiques’’. Mais qu’est-ce que cela veut-il
dire ? On pose la question, le conférencier répond par un cas particulier ;
celui de l’investissement dans une technologie inédite… si on saisit le
propos !
En tout, le genre de conférences de cours que l’on donne devant les
étudiants et que l’on a cessé depuis longtemps d’examiner sous un autre
angle. Comme les textes appris par cœur. Et les choses continuent dans cette
logique, en faisant semblant de croire que cette approche ‘’scolastique’’
est assez originale pour faire partie de programmes de réflexion sur un
sujet aussi capital que l’emploi alors que l’on pourrait trouver tout cela
dans des bouquins quelconques (et pas les plus nouveaux !) et même sur le
Web.
Nous aurions voulu une démonstration brillante, audacieuse, à la mesure de
la situation critique d’un emploi qui ne veut pas quitter les deux chiffres.
Nous aurions voulu que les universitaires soient ce qu’ils sont censés être
: des promoteurs de leurs propres audaces, des fruits de leurs recherches
personnelles et pas des répétiteurs d’un savoir général qui ne sera jamais
affuté à la mesure de nos urgences !
Nous aurions voulu que les universitaires montrent qu’ils sont les
détenteurs d’une vraie science disposant d’outils assez puissants pour oser
de nouveaux schémas. Enfin, nous aurions souhaité un minimum de pédagogie ;
c’est-à-dire préparer son propos, en organiser les rythmes pour garder
l’attention de l’auditoire et rester clair.
Savez-vous que l’on peut trouver des vidéos de Michel Foucault donnant ses
fameuses conférences sur sa conception nouvelle de l’histoire, marquée selon
lui par d’immanentes coupures épistémologiques ? Un régal et un exemple de
ce que le très complexe devenait devant la hardiesse d’un universitaire.
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