[07/09/2008 11:49:02] BRIGHTON (AFP) La confédération syndicale britannique TUC a lancé dimanche une offensive en règle contre la politique fiscale du gouvernement, qu’elle accuse d’entretenir, voire d’aggraver, le fossé entre “super-riches” et “gens ordinaires”, à la veille de l’ouverture de sa 140e conférence annuelle. Dans un entretien au Financial Times ce week-end, Brendan Barber, le secrétaire général du Trades Union Congress, qui rassemble environ 6,5 millions de salariés à travers ses 58 syndicats membres, a accusé Gordon Brown de se laisser “intimider” par la City, et de négliger les problèmes des “gens ordinaires”, qui forment pourtant la base traditionnelle de l’électorat travailliste. M. Barber devait tenir une conférence de presse dimanche à la mi-journée pour présenter son offensive, qui sera également au coeur de son discours d’ouverture de la conférence du TUC lundi à Brighton (sud). Selon des extraits diffusés à l’avance, il devait pourfendre le “fossé grandissant” entre “les employés qui font face à une chute de leur pouvoir d’achat, pendant que leurs patrons voient leur rémunération augmenter de 20 ou même 30%”. Il devait s’en prendre aussi aux banquiers “cupides” responsables à ses yeux de la crise du crédit et de l’envolée des prix du pétrole. En plus d’une imposition plus sévère pour les riches, le TUC défend l’idée d’une “windfall tax”, un prélèvement exceptionnel sur les bénéfices des sociétés de gaz et d’électricité, qui servirait à financer des aides aux ménages victimes de la “pauvreté énergétique”, c’est-à-dire ceux qui dépensent une part prohibitive de leurs revenus pour s’éclairer et se chauffer.
“Il est injuste que des employés payent plus d’impôts par rapport à leurs salaires, que des gens qui gagnent 100 ou même 1.000 fois plus, et il est injuste que des retraités ou des familles à faibles revenus vivent dans la peur d’un hiver rigoureux, pendant que les compagnies d’énergie engrangent d’énormes profits au bénéfice des spéculateurs”, devait expliquer M. Barber. La “windfall tax” a des soutiens au sein du parti travailliste mais le premier ministre Gordon Brown a d’ores et déjà semblé fermer la porte à une telle solution. Alors qu’il devrait annoncer la semaine prochaine un plan contre la pauvreté énergétique, il a rejeté lors d’un discours mercredi les “mesures gadgets et autres cadeaux qui n’agissent qu’à court terme”, et a dit leur préférer la recherche d’économies d’énergie. Le syndicat Unite, plus grosse centrale du TUC avec ses deux millions d’adhérents, l’a aussitôt accusé de courber l’échine devant les six groupes qui se partagent le marché britannique de l’énergie. La conférence sera également l’occasion pour le TUC de défendre la hausse des salaires des fonctionnaires, autre sujet d’opposition avec le gouvernement qui veut limiter leur progression à 2% par an pour ne pas alimenter l’inflation. Certains syndicats proposent d’organiser une journée de grève générale dans la fonction publique. Autant dire qu’Alistair Darling, qui fera mardi son premier discours au TUC en tant que ministre des Finances, a très peu de chances d’être ovationné. M. Brown devrait quant à lui se contenter de prendre part à un dîner à huis clos mardi soir avec des responsables syndicaux. Plus de 700 délégués sont attendus à la conférence annuelle du TUC, qui se tient de lundi à jeudi à Brighton. |
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