[10/09/2008 21:06:22] WASHINGTON (AFP)
Le Pentagone a décidé mercredi de laisser à la prochaine administration américaine, qui sortira des urnes en novembre, le choix empoisonné de déterminer qui, entre Boeing et l’alliance EADS/Northrop Grumman, renouvellera la flotte d’avions ravitailleurs de l’armée de l’Air. Dans un communiqué, le secrétaire à la Défense Robert Gates a expliqué qu’il renonçait à régler ce dossier lors de ses derniers mois en fonction. “Je pense que dans le temps qu’il nous reste, nous ne pouvons plus faire aboutir une compétition qui serait vue comme juste et objective dans ce contexte fortement chargé”, a précisé M. Gates. “Le temps de refroidissement qui suivra permettra à la prochaine administration de revoir objectivement les critères militaires et de mettre en place une nouvelle stratégie d’acquisition pour le KC-X”, a-t-il ajouté. Après l’élection présidentielle de novembre et l’entrée en fonction de la nouvelle administration en janvier, l’appel d’offres se retrouve repoussé à l’année prochaine.
L’attribution de ce méga-contrat, d’un montant initial de 35 milliards de dollars et portant sur 179 avions ravitailleurs, connaît là un , une nouvelle fois plutôt favorable à Boeing. Ce délai supplémentaire lui laissera en effet le temps de reformuler son offre, jusque-là insuffisante en matière de capacités transportées. Le président exécutif d’EADS Louis Gallois s’est déclaré déçu de cette décision, tout en soulignant que ce nouveau contre-temps n’aurait pas “d’impact sur les perspectives de ventes” ou de résultat de son groupe. Northrop Grumman s’est dit de même “extrêmement déçu (…) en particulier pour nos hommes et femmes en uniformes qui devront se passer pendant des années d’un nouveau ravitailleur dont ils ont grand besoin”. “Le département de la Défense, la semaine dernière encore, faisait état de l’urgence de remplacer la flotte des ravitailleurs qui date de l’ère Eisenhower (les années 1950, ndlr). Avec ce retard, il est concevable que nos soldats soient contraints de voler avec des ravitailleurs vieux de 80 ans”, a ajouté un responsable de la communication de Northrop Grumman, Randy Belote.
Le Pentagone a assuré que la flotte actuelle de Boeing KC-135 permettait de remplir les missions de l’armée américaine lors des prochaines années. M. Gates a expliqué à des membres du Congrès mercredi que le processus était devenu “énormément complexe et chargé émotionnellement – et pour une grande part à cause des erreurs et des faux pas commis en chemin par le département de la Défense”. “Plutôt que de laisser à la prochaine administration une procédure incomplète et susceptible d’être contestée, nous devrions transmettre proprement cet appel d’offres à la prochaine équipe”, a-t-il ajouté. Cela fait cinq ans que l’armée de l’Air essaie de renouveler sa flotte de ravitailleurs jusqu’ici tous fournis par Boeing, mais l’attribution du contrat a été retardée par plusieurs scandales et erreurs de procédure. Le consortium formé par l’américain Northrop Grumman et l’européen EADS avait cru pourtant remporter la compétition en février. Les experts de l’armée de l’Air avaient alors estimé que son KC-45, version militaire de l’Airbus A330, offrait un rayon d’action et une capacité supérieurs au KC-767, dérivé du Boeing 767. Mais en raison d’erreurs dans l’évaluation, l’appel d’offres avait été annulé en juin par laCour des comptes (GAO). Le Pentagone avait alors présenté de nouveaux critères en juillet, contestés par Boeing, qui avait laissé entendre qu’il pourrait ne pas présenter d’offre. Un membre de la Chambre des Représentants spécialiste des questions de défense, le républicain Duncan Hunter, a salué mercredi “une victoire pour les contribuables américains”. |
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