Crédit Lyonnais : pour Bernard Tapie, “la main du pouvoir” n’est pas intervenue

 
 
[10/09/2008 17:52:55] PARIS (AFP)

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é mercredi par la Commission des finances de l’Assemblée nationale (Photo : Jacques Demarthon)

L’ancien homme d’affaires Bernard Tapie a affirmé mercredi aux députés que la “main du pouvoir” n’était pas intervenue dans la décision controversée de recourir à l’arbitrage dans le contentieux l’opposant au liquidateur du Crédit Lyonnais sur la vente d’Adidas.

“A aucun moment, strictement à aucun moment, on ne peut voir la main du pouvoir dans la décision de faire l’arbitrage”, a déclaré M. Tapie devant la commission des finances de l’Assemblée nationale.

Il a rappelé que le recours à l’arbitrage de préférence à la voie judiciaire classique avait été voté “à l’unanimité” du conseil de l’EPFR (Etablissement public de financement et de restructuration), l’actionnaire à 100% du Consortium de réalisation (CDR), l’héritier du Crédit Lyonnais.

Mais le député (NC) Charles de Courson, qui siège à l’EPFR, citant le procès-verbal de cette réunion du conseil en octobre 2007, a affirmé que “les représentants de l’Etat” avaient reçu “pour instruction de l’Etat de se prononcer en faveur de l’arbitrage”.

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ée nationale (Photo : Jacques Demarthon)

“Il a suffi que je gagne pour que tout le monde remette en cause le principe de l’arbitrage”, a déploré M. Tapie.

Un tribunal arbitral a condamné le 7 juillet le CDR à une indemnité record de 285 millions d’euros au bénéfice des liquidateurs du Groupe Bernard Tapie dans le litige les opposant sur la vente d’Adidas.

M. Tapie a demandé de mettre un terme à une affaire qui dure depuis 15 ans. “J’ai 65 ans. Cette affaire dure depuis que j’ai 50 ans et le pronostic de mes avocats est qu’elle va durer encore dix ans”, a-t-il expliqué.

“A un moment donné, je dis +halte au feu+, il faut échanger le temps qui court contre une certitude de limitation du risque”, a-t-il ajouté.

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ée nationale (Photo : Jacques Demarthon)

En marge des auditions, François Hollande, premier secrétaire du PS, s’est interrogé sur “la procédure dérogatoire” dont a bénéficié Bernard Tapie et qui “a conduit à une sentence arbitrale qui lui est avantageuse”.

C’est à cette question que devra, selon lui, répondre la commission d’enquête parlementaire demandée par le MoDem et le PS.

Entendu avant Bernard Tapie, l’ancien président du Crédit Lyonnais entre 1993 et 2003, Jean Peyrelevade, a fustigé la sentence arbitrale, qu’il a qualifiée à plusieurs reprises de “mensongère”.

A ses yeux, la vente d’Adidas par le Crédit Lyonnais en 1993 a été “faite dans des conditions extraordinairement favorables” à l’ancien homme d’affaires, alors que les arbitres ont estimé que la banque avait procédé à “un montage occulte”, via notamment des sociétés écran, pour capter à son profit la plus-value résultant de la vente.

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édit Lyonnais Jean Peyrelevade, mercredi devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale (Photo : Stephane de Sakutin)

M. Peyrelevade a rappelé que M. Tapie avait bénéficié d’une importante plus-value puisqu’il avait acheté la firme allemande 1,6 milliard de francs en 1990 et l’avait revendu 2,085 milliards trois ans plus tard.

Grâce à la vente d’Adidas, M. Tapie a également pu rembourser le Crédit Lyonnais qui lui avait prêté cette somme, évitant ainsi de justesse le dépôt de bilan.

M. Peyrelevade a jugé que la banque publique aurait dû plutôt “exercer son nantissement” sur les titres Adidas (saisir les actions pour se rembourser) mais qu’elle avait décidé, “pour des raisons qui me dépassent, de sauver la face de M. Tapie” en procédant plutôt à cette vente.

 10/09/2008 17:52:55 – Â© 2008 AFP